Mort du principal d'un collège à Lisieux: en "colère", sa veuve déplore des "zones d'ombre" dans l'enquête

Dix mois après la mort du principal d'un collège dans son établissement à Lisieux (Calavados), sa compagne évoque ce lundi 3 juin sur BFMTV des "zones d'ombres" dans l'enquête et demande que des moyens supplémentaires soient alloués aux enquêteurs.
"Il y a des grosses zones d'ombre et des informations non vérifiées", dénonce Jeanne Mailhos-Vitel, veuve du principal, qui se dit "en colère".
Stéphane Vitel, 48 ans, a été retrouvé mort vendredi 11 août dans son établissement. Il s'était rendu au collège, avec son épouse et ses deux enfants, après le déclenchement de l'alarme anti-intrusion. La fille de Stéphane, inquiète de ne pas voir revenir son père, était entrée dans le collège et l'avait trouvé inconscient. Il n'avait pas pu être réanimé malgré l'intervention des pompiers et du Samu.
En décembre 2023, le procureur de la république de Caen a indiqué que des "lésions cutanées minimes" ainsi qu'une "pathologie cardiaque ancienne et non traitée" ont été constatées lors de l'autopsie de Stéphane Vittel et conclu "en faveur d'une cause naturelle de la mort."
Quant aux deux jeunes responsables du déclenchement de l'alarme, le parquet a rapidement indiqué qu'ils n'étaient plus sur les lieux au moment de la mort du principal du collège.
Le procureur a parlé "trop vite"
Une conclusion hâtive pour l'épouse de la victime, qui estime que le procureur a parlé "trop vite". Après lecture du dossier en janvier dernier, elle évoque ce lundi matin des "ecchymoses au poignet, à l'intérieur du bras droit, derrière le genoux, une balafre sur la tempe gauche avec du sang qui coule" sur le corps de son mari et pense que ces blessures ne peuvent pas être la conséquence de quelqu'un qui "se cogne".
Elle évoque aussi cet "ancien élève" qui s'est présenté, selon le dossier qu'elle dit avoir lu, le 29 août aux policiers présents devant l'établissement et qui leur a dit savoir "qui a commis l'agression". "Il n'a jamais été convoqué", déplore Jeanne Mailhos-Vitel.
Autre zone d'ombre: la voiture qu'elle dit avoir vu partir au moment où la famille est arrivée devant l'établissement le 11 août. "Un autre témoin dit [...] qu'il savait qui était le conducteur, il y a des noms qu'on retrouve dans plusieurs témoignages, et que dans le coffre il y avait une barre de fer, cette personne n'a jamais été interrogée".
Même chose pour les élèves qui auraient, toujours selon elle, dit sur Snapchat "être au collège à 6h du matin le 11 août". A la lecture de tous ces éléments, Jeanne Mailhos-Vitel pense qu'il y avait "plusieurs personnes sur les lieux" quand Stéphane Vitel est entré dans le collège.
"Je pense qu'il y avait plusieurs personnes qui étaient sur les lieux, des jeunes, des plus vieux, des grands frères, des jeunes qui avaient subi des conseils de discipline dans l'année et qui ont dit sur Snapchat 'bien fait (...) à ce sale connard'", avance-t-elle.
"L'impression d'avoir fait la synthèse du dossier à la place des enquêteurs"
Celle qui dit avoir "confiance" en la justice demande que "plus de moyens" soient alloués à l'enquête sur la mort de son époux, "des moyens humains, des moyens financiers pour aider le juge d'instruction et pas un seul policier à éplucher le dossier, quelqu'un qui lise tout ce qu'on a lu nous, on a l'impression d'avoir fait la synthèse du dossier à la place des enquêteurs, je trouve ça anormal".
Jeanne Mailhos-Vitel s'adresse aussi directement au Premier ministre, qui avait assisté aux obsèques du principal quand il était encore ministre de l'Education nationale, et lui demande que la mention "Mort pour le service de la République" lui soit décernée pour que sa carrière soit conclue autrement.
"C'est une conclusion triste à toute sa carrière, il voulait faire tout pour aider tous ses élèves, en difficulté, handicapés, les brillants qui s'en sortaient bien et qu'il fallait motiver parce que dans leur famille personne n'avait fait d'études et les sortir d'un déterminisme social, c'était son moteur (...) il était tellement dévoué".
La famille du principal avait déjà remis en cause les conclusions du procureur en mars dernier. Ce dernier avait partagé son souhait de ne pas entrer "dans une polémique, ni communiquer là-dessus".