"C'était affolant": cinq ans après l'incendie de l'usine Lubrizol, les Rouennais se souviennent

Il y a cinq ans jour pour jour, un épais nuage recouvrait Rouen et sa métropole. Un incendie s'est déclaré le 26 septembre 2019 sur le site de lubrifiants automobiles de Lubrizol, classé Seveso seuil haut, ne faisant aucune victime.
Mais la combustion de produits chimiques avait entraîné un panache de fumée noire que les Rouennais n'ont toujours pas oublié.
"Je me suis dit, il va y avoir une explosion, quelque chose. On a tous eu peur. Ça a commencé dans la nuit, moi je travaille le matin à 8 heures, quand j'ai vu ça c'était affolant", se souvient Louis au micro de BFM Normandie.
"Ça a mis un grand fouillis dans la ville"
En 2019, Florence habitait à Fontaine-sous-Préaux, "une commune pas très impactée par Lubrizol". "On s'est posé des questions sur ce qui s'est passé et le lendemain on a bien compris. On avait pas mal de résidus de l'usine sur nos tables de jardin. On s'est dit 'c'est compliqué pour les gens qui habitent près, qu'est-ce que ça va donner?' Et aujourd'hui, on se pose toujours les mêmes questions", témoigne-t-elle.
"Je me souviens d'un gros nuage de fumée, j'habite vraiment pas loin. Il y en avait partout sur internet, en se levant on a reçu des mails des établissements scolaires pour nous dire de pas venir. Ce jour-là, on est tous restés chez nous", raconte de son côté Nolwenn, 23 ans.
Matteo, âgé de 25 ans aujourd'hui se souvient "encore de l'odeur de la fumée, du panorama". "Je voyais très bien le gros nuage et ça a mis un grand fouillis dans la ville, c'était quelque chose d'impressionnant", termine-t-il.
Les quais de Rouen désertés
Ce fameux 26 septembre, les habitants étaient invités à rester chez eux, désertant donc les commerces et restaurants de la ville. Éric, gérant d'un bar-restaurant sur les quais, attend toujours d'être indemnisé pour sa perte de chiffre d'affaires.
Si le temps a passé, il se souvient comme si c'était hier du nuage noir passé au-dessus de son établissement. "Le nuage passe au-dessus de nous donc on a pas beaucoup d'impact. (...) Ce qui a été gênant c'était la désertion des quais, la fermeture des quais, l'image que ça a eu", explique le gérant du All Sport Café.
Avant d'ajouter: "Il a fallu un temps fou avant que les gens reviennent. Le préjudice que ça a eu, il dure jusqu'en février, on l'a estimé à 184.000 euros à l'époque, de perte d'exploitation. Après négociation, les experts de Lubrizol ont décidé de me verser 138.503 euros. Sauf qu'à ce jour, je ne les ai toujours pas reçus."
Le monde agricole indemnisé
Les commerçants rouennais aussi ont vu leur chiffre d'affaires touché par l'incendie de Lubrizol. En raison du principe de précaution, le monde agricole a dû sacrifier une partie de sa récolte.
Cinq ans plus tard, sur les 1.500 dossiers suivis par la FNSEA 76, le bilan est positif pour le syndicat. "Aujourd'hui, 98% des dossiers des agriculteurs qui ont demandé une indemnisation ont été payés dans l'année qui a suivi. C'est grâce à la profession agricole qui a permis que les indemnisations se mettent en place rapidement", détaille Stéphane Donckele, secrétaire général de la FNSEA 76.
Après l'incendie de l'usine qui traite des produits chimiques, les riverains s'étaient de leur côté inquiétés des conséquences sanitaires. Une étude publiée lundi 23 septembre ne fait état d'aucune trace de contamination ou pollution. Une enquête judiciaire est toujours en cours alors que Lubrizol a été mis en examen et que la date d'un éventuel procès n'est toujours pas connue.