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"C'est inéluctable": des maisons menacées par l'érosion côtière en Normandie, les habitants résignés

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Sur le littoral normand, l'érosion côtière menace une partie des habitations, notamment les maisons situées en bord de falaise. Dans la région, le phénomène est observé depuis de nombreuses années et jugé inévitable.

Le paysage change à mesure que l'eau progresse. A Criel-sur-Mer (Seine-Maritime), le rebord de la falaise recule chaque année de 30 cm sous l'effet de phénomènes naturels (houle, vent), de la hausse du niveau de la mer et des interventions humaines.

Toutes les maisons du littoral normand installées en hauteur risquent donc l'effondrement en raison de l'érosion. "En haut de falaise, une belle fissure est en train de se former, donc on sait qu'on a toute une tranche qui va partir", confirme Alain Trouessin, maire de Criel-sur-Mer.

Le Centre d'études et d'expertises sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement (Cerema) a mesuré dans une étude que 1.000 logements sont aujourd'hui menacés. D'ici 2100, ils seront 450.000.

Car toutes les maisons ne possèdent pas le même niveau de risque. "Dans 100 ans, on ne sera plus là", relativise Josette, propriétaire d'une maison en bord de falaise à Criel-sur-Mer, qui ne sera menacée qu'à très long terme.

Il y a 20 ans, elle avait été toutefois la voisine d'habitants ayant frôlé la mort. "Un morceau de falaise s'est effondré juste devant la véranda. La décision a été prise d'évacuer tout le monde et de démolir toutes ces maisons", se souvient-elle.

Un phénomène "inéluctable"

Ces risques ne freinent toutefois pas les potentiels acheteurs, qui n'hésitent pas à acquérir de nouvelles propriétés dans la région. "Il y a des clients qui veulent absolument une vue et qui sont 'prêts' à prendre le risque d'être situées sur ces zones-là", confirme Blandine Bardoux, conseillère en transaction immobilière à Ault (Somme).

D'après elle, les propriétaires gardent en moyenne une résidence secondaire pendant 7 ans, soit une période trop courte pour ressentir les effets de l'érosion.

Mais le danger est bien réel. Pour rappel, en novembre dernier, la tempête Ciaran avait provoqué de nombreux dégâts. A la suite des vents violents, un pan de falaise s'était effondré et avait emporté une parcelle d'une maison secondaire à Criel-sur-Mer. Une procédure d'expropriation des propriétaires avait été lancée les jours suivants.

A l'époque, le maire avait déclaré que des situations de ce type deviendraient courantes. "C'est inéluctable et cela va continuer. On est sur une situation nouvelle aujourd'hui. Et d'autres vont arriver. Ca ne s'arrêtera pas", affirmait-il.

Aujourd'hui, plus aucune maison n'est construite dans le secteur en bord de falaise. "Il y a une interdiction totale. Le repli stratégique, c'est de construire en retro-littoral", poursuit l'édile.

Dans son étude, le Cerema avait identifié les lieux les plus à risque d'érosion sur le territoire français. D'après ses résultats, les départements les plus touchés seront la Corse, le Var, la Vendée et la Manche.

Vincent Serron avec Mélanie Hennebique