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"C'est dur": le choc à Port-Jérôme-sur-Seine après l'annonce de suppressions d'emplois à ExxonMobil

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ExxonMobil a annoncé la suppression prochaine de 647 emplois sur le site pétrochimique de production de plastique de Port-Jérôme-sur-Seine, en Seine-Maritime. Un choc dans la commune où la vie économique s'est structuré autour du site industriel.

À Port-Jérôme-sur-Seine (Seine-Maritime), un climat d'inquiétudes peut se sentir en ce moment, en plus des habituels effluves de gaz et de produits chimiques. ExxonMobil a annoncé ce jeudi 11 avril réduire ses activités dans son unité normande de pétrochimie installée sur la commune, entraînant la suppression de 647 emplois, soit un tiers des effectifs de l'usine.

"Aucun départ n'est envisagé avant 2025", a assuré le pétrolier, qui a motivé sa décision, dans un communiqué, par le fait que plusieurs unités de pétrochimie présentes sur le site ne sont pas "économiquement viables".

Dans la commune, les habitants essaient d'encaisser le choc car le site d'Exxon est le poumon économique de ce bassin de vie situé à une trentaine de kilomètres à l'est du Havre. Outre les personnes qui y travaillent directement, l'unité de production fait vivre des prestataires, des commerçants et de nombreuses familles.

"Beaucoup de monde sur la touche"

"C'est dur, c'est dur. J'ai déjà connu ça en 2007 quand Millenium (usine qui fabriquait de l'oxyde de titane pour les peintures, peintures, plastiques, NDLR) a fermé sur Le Havre. C'était pas facile", confie Gilles, qui travaille comme prestataire auprès du site de Port-Jérôme-sur-Seine.

"Là, ils parlent beaucoup d'emplois mais il y a aussi les entreprises extérieures comme la mienne. Ça fait beaucoup de monde sur la touche", regrette-t-il.

Chanane Zaïnou, gérante d'un restaurant de fast-food sur la commune, explique que l'installation de son établissement a été décidée "parce que quand on a fait l'étude de projet, il y avait l'usine ExxonMobil et c'était très intéressant". Dans ce contexte, la réduction d'activité, "ça nous a fait un petit quelque chose parce que quand-même, c'est 50% de notre chiffre d'affaires", explique-t-elle.

La municipalité entre "colère" et volonté d'aller de l'avant

Malgré les changements qui s'annoncent sur la commune, la maire de Port-Jérôme-sur-Seine, Virginie Carlo-Lutrot (Divers droite), si elle se dit "en colère", veut regarder vers l'avenir avec optimisme. "Après le choc, c'est la construction. Je tiens à dire que les entreprises du territoire participent à cet écosystème qui va venir se greffer aux nouvelles filières qui s'implantent: le recyclage de plastique moléculaire, l'économie circulaire, l'agroalimentaire".

"On travaille ensemble, on se sert les coudes et on continue à œuvrer pour que les personnes qui étaient formées sur la pétrochimie le soient de manière expresse et de manière performante sur les métiers qu'accueille la plateforme demain. Elle est viscéralement industrielle, cette plateforme, elle le restera", assure l'élue.

Reste à savoir ce qu'il adviendra des employés licenciés. Les autorités appellent à les soutenir et à retrouver des solutions de reclassement. De son côté, ExxonMobil promet d'engager une "recherche de solutions individuelles et collectives" pour les salariés concernés par les suppressions de poste.

Parissa Javanshir avec Glenn Gillet