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Barreaux sciés, attaque avortée... Les nombreux projets d'évasion de Mohamed Amra: les informations de BFMTV

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Avant l'évasion sanglante du 14 mai 2024 au péage d'Incarville, le narcotrafiquant avait déjà tenté de s'évader à au moins deux reprises de sa cellule de la maison d'arrêt d'Evreux. Remis à la France après neuf mois de cavale et son arrestation en Roumanie, celui qu'on surnomme "La Mouche" est aujourd'hui placé dans la prison ultra-sécurisée de Condé-sur-Sarthe, dans l'Orne.

Mohamed Amra a tout mis en œuvre pour s'évader au mois de mai 2024. C'est la conclusion qui s'impose à la lecture de tous les éléments révélés par l'enquête. Car avant l'évasion du 14 mai 2024, où deux agents pénitentiaires ont été exécutés et trois blessés, Mohamed Amra a tenté au moins deux fois de s'évader. 

• L'évasion par la fenêtre de sa cellule

Selon les enquêteurs, Mohamed Amra a cherché à s'évader par la fenêtre de plusieurs cellules à l’intérieur desquelles il était incarcéré, sur une période allant du 5 au 13 mai 2024. Lors de cette période, les surveillants pénitentiaires remarquent de nombreux éléments troublants autour de la maison d'arrêt d'Evreux où Mohamed Amra se trouve, comme des survols de drones ou encore la circulation de voitures télécommandées dans la cour de la prison. Différents moyens pouvant être utilisés par les détenus et leurs complices pour envoyer et récupérer des colis de l'extérieur.

Le 5 mai 2024, les caillebotis de la fenêtre de la cellule de Mohamed Amra sont retrouvés dégradés. Le 7 mai, il est changé de cellule et se retrouve alors seul dans une autre.

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Les alertes à son égard s'enchaînent: un surveillant le voit avec un téléphone prendre en photo les barreaux et le caillebotis de sa nouvelle cellule. Après cet incident, une fouille de sa cellule est effectuée. Les agents trouvent, dissimulé dans une chaussette, un téléphone Iphone 13 rouge. Dans son panier à linge, un scotch de couleur rouge est aussi saisi. Pire encore, l’administration pénitentiaire découvre qu'un barreau de la cellule a été coupé et recouvert avec du scotch rouge, le même que celui retrouvé dans le panier à linge.

Des recherches sont aussi menées à l'extérieur, à proximité de la cellule. Les agents y récupèrent une scie à métaux usée, sans doute a-t-elle servi à scier les barreaux. Ils trouvent aussi des tubes de couleurs noir et orange qui aurait pu servir à remplacer le barreau scié, pour le camoufler. À la suite de tous ces incidents, la décision est prise de placer Mohamed Amra dans une cellule disciplinaire.

L'exploitation de son téléphone portable révèlera que le détenu de 30 ans, qui utilisait notamment les pseudos "lafaucheuse" ou "lafaucheuse271", a communiqué sur le site "Leboncoin", pour acheter une échelle télescopique.

L'enquête finira par mettre en cause trois de ses proches pour ces tentatives d'évasion. L'un d'entre eux est allé le 4 mai, avant de se rendre de nuit à proximité de la maison d'arrêt d'Evreux, dans un magasin de bricolage. Il y a acheté une meuleuse, qui sera retrouvée dans le véhicule qui a percuté le fourgon pénitentiaire lors de l'attaque le 14 mai 2024. Mais aussi deux outils de type "coupe tube", un outil qui permet de couper des barreaux ou des tuyaux par exemple. La meuleuse aurait-elle pu servir à découper la porte du fourgon pénitentiaire dans lequel Mohamed Amra se trouvait si jamais les surveillants ne l’ouvraient pas? Un autre complice présumé sera quant à lui repéré dans un autre magasin de bricolage, en train d'acheter la scie à métaux, celle retrouvée à proximité de la cellule de Mohamed Amra. Ce complice présumé est aussi suspecté, avec un troisième homme, d’être allé récupérer l'échelle télescopique achetée sur le site "Leboncoin", à la demande de l’ex-fugitif.

• La première attaque de fourgon avortée

L'enquête révèle aussi qu'une attaque de convoi pénitentiaire devait probablement avoir lieu le 7 mai 2024, 7 jours avant celle du péage d'Incarville. En effet, le 7 mai, Mohamed Amra est extrait de sa cellule pour être jugé au tribunal d'Evreux. Vers 5h30 du matin, trois véhicules, avec à l'intérieur des hommes cagoulés, sont aperçus dans un petit village à proximité d'Evreux. Une patrouille de gendarmerie tente de s'approcher mais les véhicules et leurs occupants prennent la fuite.

Les trois voitures repérées ce jour-là correspondent à celles utilisées lors de l'attaque du 14 mai 2024. Des "téléphones de guerre", sont aussi détectés à la fois le 7 et le 14 mai. Ces derniers sont équipés de cartes SIM anonymes et destinés à être utilisés temporairement. Enfin, les enquêteurs ont des éléments qui laissent à penser que les membres du commando du 14 mai étaient aussi présents le 7 mai, dans les voitures mises en déroute.

L'opération meurtrière du 14 mai 2024 devait-elle initialement avoir lieu le 7? A-t-elle été avortée grâce à l’intervention des gendarmes ce jour-là? Ce sont notamment à ces questions que vont devoir répondre les nombreuses personnes interpellées dans cette affaire. Pour rappel, 18 personnes ont été mises en examen en plus de Mohamed Amra.

Maxime Brandstaetter