SOS Méditerranée salue la visite du pape François, "l'un des seuls à prendre la parole" sur les migrants

Des migrants secourus en mer Méditerranée par SOS Méditerranée et Médecins sans frontières en octobre 2019. - Anne CHAON
"Je vais à Marseille, pas en France", a prévenu le pape François avant sa venue à Marseille du 22 au 23 septembre. Une manière de rappeler qu'il vient spécifiquement pour évoquer la tragédie migratoire qui se joue depuis des années dans les eaux de la mer Méditerranée. Chaque année, plusieurs milliers de migrants y meurent alors qu'ils tentent de rejoindre les côtes européennes à l'aide de bateaux de fortunes surchargés.
L'association SOS Méditerrannée sera associée à plusieurs temps forts de l'évènement par le diocèse de Marseille. Un grand village d'associations sera installé ce week-end sur l'esplanade de la cathédrale de La Major, où sera organisé entre autres un grand banquet solidaire. À l'occasion des Rencontres méditerranéennes à Marseille, SOS Méditerranée aura son propre stand et prévoit aussi une conférence de presse.
"C'est une visite très importante pour nous, qui va permettre de remettre en lumière ce drame humanitaire qui perdure en Méditerranée. On a tendance à l'oublier, mais ça représente plus de 28.000 vies humaines depuis 2014", rappelle à BFMTV.com François Thomas, président de l'association SOS Méditerranée.
"Le pape a toujours eu des mots très forts" à ce sujet
"Un naufrage a encore fait plus de 700 victimes en Grèce au mois de juin. On en parle un peu puis on l'oublie vite, les gens passent à autre chose".
Le pape François, lui, "n'a jamais varié de discours sur cette question-là, il a toujours été concerné", selon le président de l'association qui vient en aide aux migrants échoués en mer, et ce depuis sa création en 2015. "Ce n'est pas nouveau. Le pape François a toujours été très sensible à la question des migrants et il a toujours eu des mots très forts à cet égard".
"À plusieurs reprises, il a parlé de 'cimetière', de 'mondialisation de l'indifférence'. En avril 2021, nos équipes sont arrivées trop tard sur un naufrage qui a fait 130 victimes, et je me souviens que le pape avait évoqué un 'moment de la honte'".
Selon François Thomas, le pape argentin "a une parfaite connaissance" de la situation, qu'il considère comme "une grave blessure qui continue de déchirer notre XXIe siècle". D'ailleurs, le président de SOS Méditerranée rappelle que "le premier déplacement du souverain pontife en juillet 2013 en dehors de Rome, c'était à l'île (italienne) de Lampedusa", où des centaines de migrants venus d'Afrique sont morts cette année-là alors qu'ils voulaient rejoindre l'Europe.
La semaine dernière, environ 8500 migrants sont arrivés à bord de 199 bateaux sur l'île de Lampedusa. Les images marquantes de cette crise migratoire, qui fait l'objet d'une intense activité diplomatique, ont provoqué la colère des extrêmes droites européennes.
"Les ONG bien seules sur cette question"
Le positionnement du pape cristallise d'ailleurs les tensions d'une partie des rangs des catholiques, notamment des partisans de droite et d'extrême droite. Sur BFMTV jeudi 14 septembre, Marion Maréchal (Reconquête) a accusé le souverain pontife d'en "faire trop" sur les migrants, estimant qu'il ne "connaissait pas le type d'immigration auquel nous sommes confrontés".
L'association SOS Méditerranée, au contraire, voit "quelque chose de formidable" dans le déplacement du pape à Marseille. "Qu'il porte ce message de fraternité depuis 10 ans sans varier son discours, c'est une chose très importante. C'est quand même un chef spirituel et un chef d'État de premier ordre, et je dirais d'ailleurs que c'est le seul chef d'État et une des rares personnalités publiques d'envergure internationale qui prend très régulièrement la parole pour dénoncer cette tragédie".
"Il envisage la question sans faire en sorte que ça devienne un positionnement politique ou religieux. À ses yeux, c'est simplement que la vie est sacrée et qu'il est essentiel de sauver des personnes en train de se noyer", salue le président de l'association.
Or "pour nous, qui avons vécu beaucoup de périodes très sombres, c'est un message d'espérance. À part lui... Les ONG sont bien seules sur cette question".