Règlements de comptes à Marseille: une flambée de violence inéluctable?

La ville de Marseille a connu un week-end marqué par la violence avec deux nouvelles fusillades dans la nuit de samedi à dimanche. Dans le 14e arrondissement, deux personnes ont été tuées par balle et le corps d'un troisième homme a été retrouvé dans un véhicule en feu dans le 13e arrondissement. Ce dernier a été assassiné par balles après avoir été enlevé, dans le 4e arrondissement, par des individus encagoulés.
La police judiciaire a été saisie de ces deux faits distincts. Ce qui s'apparente à deux règlements de compte avaient été précédés par d'autres violences les jours précédents. Mercredi soir, un adolescent de 14 ans a été tué par balles lors d'une fusillade dans la cité des Marronniers (14e), à proximité d'un point de deal.
Depuis le début de l'année à Marseille, 14 personnes sont décédées dans des règlements de compte.
Pourquoi tant de règlements de comptes?
Si la problématique des règlements de comptes n'est pas nouvelle à Marseille, ces derniers sont en augmentation "depuis le mois de juin", a reconnu vendredi sur BFMTV le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin. Pourquoi une telle hausse maintenant?
Selon le ministre, ces enchaînements de règlement de comptes sont notamment la conséquence de l'action de la police.
"On a un gros travail de la police nationale pour démanteler des réseaux. Donc quand des gens sont en prison ou en fuite, en Algérie ou au Qatar, il y a d'autres réseaux qui essaient de prendre le pouvoir, ça fait ce genre de règlements de comptes", estime Gérald Darmanin.
"Nous, on fait le maximum avec des opérations de contrôle, avec des interpellations de trafic de stupéfiants", abonde Rudy Manna, secrétaire départemental d'Alliance police dans les Bouches-du-Rhône, interrogé sur BFMTV.
D'après le syndicaliste, la police judiciaire de Marseille interpelle "un tueur sur deux", impliqué dans des règlements de comptes.
"Nous avons tous failli"
Face à ce constat, le ministre de l'Intérieur l'admet, "nous avons tous failli". "Sans doute que l'Éducation nationale, la sécurité, le fonctionnement d'une collectivité faillent lorsqu'un gamin de 14 ans est tué", admettait-il vendredi sur BFMTV. C'est désormais tout une chaîne institutionnelle qui est pointée du doigt.
"Cette question des violences, au point où nous en sommes dans la ville, fait qu'on ne peut pas seulement la gérer avec la question de la sécurité. C'est pour cela qu'il faut qu'il y ait le ministre de l'Education, il faut qu'il y ait le ministre des Affaires étrangères. Parce qu'il faut discuter avec les pays voisins et les pays qui fournissent la drogue, les pays qui fournissent les armes et qui font que Marseille est dans le chaos aujourd'hui", insiste ce lundi sur BFMTV Samia Ghali, maire-adjointe à Marseille.
L'élue réclame la formation d'un comité interministériel auquel serait également associé le ministère de la Santé afin de faire de la prévention concernant la consommation de drogue. Pour l'élue, les ministres ainsi que les collectivités doivent travailler "tous en même temps autour de la table" pour trouver des solutions face à la multiplication des règlements de compte qui affectent les habitants de la ville phocéenne.
Vers un grand plan pour Marseille?
Sur cette même ligne, le maire de Marseille souhaite la création d'un "parquet spécial" pour lutter contre les trafics de drogue comme il l'a annoncé ce lundi matin sur France Bleu Provence. Pour Benoît Payan, "il faut s'attaquer à la racine" des trafics et "taper là où ça fait mal, c'est-à-dire avec l'argent et avec les armes".
"La procureure de la République fait ce qu'elle peut, mais elle n'a pas les moyens de taper fort. Il faut que l'État, et je pense qu'il en a conscience, prenne la mesure de ce qui est en train de se passer", affirme Benoît Payan sur France Bleu Provence.
Le besoin d'une réponse sur plusieurs fronts semble faire son chemin jusqu'au plus haut sommet de l'Etat. Selon des informations de RMC, un grand plan pour Marseille est en préparation depuis plusieurs mois à l'Elysée.
Un plan qui devrait être annoncé par le chef de l'Etat lui-même "d'ici la mi-septembre" avec des mesures s'appliquant à plusieurs secteurs: les écoles, les transports, la culture, mais aussi la rénovation urbaine ainsi que la police et la justice. Avec un objectif commun, mettre un coup d'arrêt aux règlements de comptes dans la cité phocéenne.