Marseille: après les incidents au carnaval de la Plaine, Alliance Police s'interroge sur l'avenir de l'évènement

Lance à eau à la main, les agents de la ville de Marseille ont entamé le nettoyage sur les coups de 5h30. Tôt ce lundi matin, subsistaient sur la place Jean-Jaurès des traces d'incendies et de souillure, des détritus en tout genre au sol et une odeur d'urine, qu'ils se sont employés à faire disparaître.
Tels sont les vestiges des incidents qui ont éclaté la veille au soir en marge du carnaval de la Plaine. Festif dans un premier temps -avec son lot de musique et de danse-, l'événement a rassemblé environ 9000 personnes. Puis, en début de soirée, il a tourné à la déconfiture.
Brasier
Trottinettes et vélos en libre-service jetés dans un brasier, conteneurs poubelles dégradés, projectiles dirigés contre les forces de l'ordre, lesquels ont répliqué par des jets de grenades lacrymogène. Les tensions ont, dans un premier temps, abouti à 17 interpellations, rapporte Rudy Manna, porte-parole du syndicat Alliance Police, invité de BFM Marseille ce lundi matin.
"Ensuite, les festivités ont recommencé dans la nuit, où ils ont rallumé des feux. Et là, il y a eu trois interpellations de plus", souligne l'intéressé. "Des scènes quasiment de guerre", de l'avis du syndicaliste, qui précise que 25 policiers ont été légèrement touchés par des projectiles.
Alors que des accusations de violences policières se font entendre, Rudy Manna défend un usage légal de la violence légitime. "Ceux qui parlent de violences policières, c'est toujours les mêmes, cingle-t-il. Il ne faut pas se leurrer: c'est l'ultra gauche, qui défend les gens d'ultragauche qui ont commis ces violences".
"On savait que ça allait dégénérer"
Via leur compte Twitter, les riverains de la Plaine ont déploré la tournure prise par les événements. Même réaction du côté de Yannick Ohanéssian, adjoint en charge de la sécurité à la mairie de Marseille.
"Cela devait être un évènement festif et familial, a-t-il écrit sur ses réseaux sociaux. Certains ont décidé de gâcher l’esprit de carnaval. Les débordements et dégradations sont inacceptables. Le calme doit revenir sur place. Merci aux marins-pompiers et forces de sécurité pour leur intervention."
"Ceux qui font les surpris ce matin, c'est que soit ils ne vivent plus ici, soit ils ne vivent pas sur la même planète que nous", ironise Rudy Manna. (...) On savait que ça allait dégénérer."
"Est-ce qu'il est nécessaire de continuer ce carnaval?"
"Il va quand même falloir se poser les bonnes questions sur ce carnaval, insiste ce dernier, rappellant qu'à ce jour l'événement est toléré mais en principe pas autorisé. Chaque année, c'est la même chose. Chaque année, il y a des dégâts considérables pour la ville de Marseille." Et d'ajouter: "Aujourd'hui, il y a des contribuables marseillais qui vont payer ces dégâts".
Estimant qu'il est devenu impossible de "canaliser" les éruptions de tensions, le syndicaliste s'interroge: "est-ce qu'il est nécessaire de continuer ce carnaval, ou alors est-ce qu'il est nécessaire de l'arrêter?"
Compte-tenu d'un climat social "extrêmement lourd", sur fond de contestation de la réforme des retraites, Rudy Manna anticipe une flambée des violences en cas de rejet des deux motions de censure déposées contre le gouvernement, dont l'étude à l'Assemblée nationale est prévue ce lundi après-midi.