Le CRA de Marseille sous la menace d'une fermeture administrative pour "dysfonctionnements"

Saisi par un référé-liberté, le tribunal administratif doit décider de la fermeture ou non du centre de rétention de Marseille (photo d'illustration) - Stephane de Sakutin / AFP
Climatisation défaillante, absence d'eau froide et insécurité récurrente: le centre de rétention (CRA) de Marseille est sous la menace d'une fermeture temporaire par le tribunal administratif, saisi mercredi par un référé-liberté exigeant que cessent les "atteintes graves" portées aux retenus.
Si la juge, qui doit statuer dans les 48 heures, allait en ce sens, il s'agirait d'une première et constituerait un camouflet supplémentaire pour l'Etat français, régulièrement critiqué pour la prise en charge défaillante d'étrangers en attente d'expulsion.
Un rapport au vitriol du bâtonnier de Marseille
"Les conditions d'hébergement sont catastrophiques: il n'y a plus de climatisation alors que les températures sont très élevées et l'eau froide inexistante", a déploré l'avocate Maëva Laurens, représentante de dix-sept personnes actuellement retenues au CRA du Canet (quartiers Nord), listant de nombreux "dysfonctionnements".
S'appuyant sur un rapport au vitriol du bâtonnier de Marseille suite à sa visite des lieux le 10 juillet, elle a expliqué que l'établissement ne bénéficie également pas d'eau froide depuis sa construction en 2006. Quelques bouteilles d'eau sont distribuées lors des repas.
Un mort et une augmentation des tentatives de suicides
Le centre, qui peut théoriquement accueillir 136 personnes, n'en a que 62 actuellement après que deux incendies successifs se sont déclarés fin juin et mi-juillet. Un retenu est d'ailleurs décédé peu après le premier feu, sans que les raisons de sa mort n'aient encore été éclaircies.
"Actuellement, le système d'alarme incendie ne fonctionne plus. Si demain un feu se déclare, tout le monde meurt. C'est inadmissible!", y compris pour le personnel de l'établissement, a estimé Maëva Laurens.
Elle a également déploré la difficulté d'accès aux soins des personnes retenues alors qu'un médecin n'est présent sur le site que trois demi-journées par semaine. Aucun psychiatre ou psychologue n'y exerce alors que la réglementation l'exige.
"Face à une population qui a changé, avec des gens qui sortent de prison, les personnes deviennent folles: on constate une augmentation des tentatives de suicide", a-t-elle ajouté.
De son côté, le représentant de la préfecture des Bouches-du-Rhône a indiqué que des travaux étaient en cours concernant la climatisation et l'eau froide.
"Les marchés publics ont été lancés", a affirmé Thierry Servia, adjoint au chef de mission contention à la préfecture, estimant que "les conditions de vie, même si elles sont spartiates et difficiles, ne vont pas à l'encontre des libertés fondamentales".