Incendie du massif de la Montagnette: un an et demi après, 200 arbres ont été replantés

C'était il y a plus d'un an, mais le paysage paraît encore apocalyptique et les brûlures restent ardentes pour les habitants de Barbentane. Près de dix-huit mois après un incendie l'ayant amputé de quelque 1.650 hectares de végétation méditerranéenne, notamment des pins d'Alep, chênes et oliviers, le massif de la Montagnette, au sud d'Avignon, commence à renaître de ses cendres avec une première opération de replantation.
"On va faire un test sur 200 arbres pour voir comment ils réagissent", explique à l'AFP Jean-Christophe Daudet, maire de ce village des Bouches-du-Rhône de 4.500 habitants, qui a été le plus touché par l'incendie, avec 550 hectares partis en fumée sur les 4.000 que compte le massif.
"Vous allez planter des frênes à fleurs, des sorbiers domestiques, des érables de Montpellier, des alisiers, des poiriers faux amandiers", liste Jean Pierre Mattalia, président de l'Association pour le reboisement et la protection du Cengle Sainte-Victoire (ARPCV) qui pilote l'opération, devant quelques dizaines de riverains, dont beaucoup d'enfants.
Un reboisement à base de végétaux moins inflammables
Parmi eux, Lison Juan, habitante de Barbentane. "Il y a beaucoup de villages qui ont été évacués, beaucoup de gens qui ont dû quitter leurs maisons en catastrophe", se remémore-t-elle au micro de BFM Marseille. "Il y a eu un seul pompier qui est mort, c'est beaucoup trop, mais c'est une chance qu'il n'y ait pas eu de villageois".
Sur les collines carbonisées qu'ils doivent transformer en terres fertiles, les bénévoles disséminent différents végétaux peu inflammables et habitués à résister au manque d'eau. "On plante du feuillu, qui n'est pas résineux contrairement au pin d'Alep, donc il résiste davantage à l'incendie. Ça permet aussi de travailler sur la biodiversité", explique Jean-Christophe Daudet, maire de Barbentane, au micro de BFM Marseille.
"Les feuillus sont beaucoup moins sensibles au feu (...). Le principe de base, c'est d'aboutir à une forêt 'auto-défensable'", poursuit Jean-Pierre Mattalia. "En plantant ces arbres de manière assez dense, il y a une évapotranspiration très faible par arbre, c'est la communauté qui se protège.
Sur le plateau balayé par un fort mistral, les volontaires s'affairent d'abord à creuser des trous de dix centimètres de diamètre, puis entourent les plants de tubes en plastique pour les protéger avant de recouvrir le pourtour de terreau.
Cinq jours d'incendie lors de l'été 2022
La zone choisie pour cette replantation expérimentale coiffe le village, à la lisière de la Montagnette: "C'est l'endroit où le feu est venu le plus près des maisons, donc on est vraiment aussi sur une reconquête symbolique", complète l'élu, qui, face à la progression du feu, avait dû faire évacuer temporairement quelque 1.000 habitants.
Provoqué par des étincelles au passage d'un train de fret le 14 juillet 2022, l'incendie, dont les cendres s'étaient propagées jusqu'à Avignon, avait mis cinq jours à être définitivement fixé par les pompiers.
Dès le lendemain de son déclenchement, le parquet de Tarascon avait ouvert une enquête pour incendie involontaire dans cette pinède dont les zones brûlées restent toujours fermées par arrêté préfectoral, jusqu'au 30 juin 2024.
À Barbentane, "nous avions une forêt qui avait à peu près des arbres de 100 ans, alors que du côté de Boulbon ou Tarascon, on était plutôt sur de la garrigue, donc l'impact a quand même été beaucoup plus fort chez nous, relève" Jean-Christophe Daudet. Si cela se passe bien, en novembre prochain, on sera sur des milliers de plantations".
Plus de 100.000 euros de dons récoltés
"J'espère qu'on va progressivement remplacer le noir des paysages d'aujourd'hui par du vert", aspire l'édile, qui avait lancé en juin une campagne de dons via KissKissBankBank, pour près de 100.000 euros au final, un record national pour une collectivité locale sur cette plateforme de financement participatif.
"L'argent récolté va aider à la réalisation d'une étude, qui est en cours, par la Société du canal de Provence, pour voir si techniquement parlant, on peut amener" de l'eau d'irrigation sur le plateau de la Montagnette, détaille-t-il.
"On s'est rendu compte que sur ce plateau on avait avant des cultures, et que c'est cet endroit-là qui nous a permis de nous protéger du feu parce que quand vous avez des cultures, même peu entretenues, le feu se propage beaucoup moins vite", selon lui.
"L'idée, c'est de reconquérir ces espaces qui étaient plus ou moins en friche" en cultivant "de l'olivier, des herbes de Provence, des herbes médicinales" voire des amandiers, qui serviront "de coupe-feu par rapport au risque incendie", développe Jean-Christophe Daudet. "On est vraiment dans un schéma de reconquête agricole locale. On va essayer de résoudre les problèmes climatiques en inventant de nouvelles techniques".
Les opérations de replantation disposent d'un double objectif: régénérer la biodiversité locale et éviter les écoulements de terrain.