"Ça va être très dur": les inquiétudes des épiciers de nuit marseillais après la fermeture imposée dès 22 heures

Les épiceries de nuit de Marseille ont fermé pour la première fois leurs portes à 22 heures, ce vendredi 21 mars, dans le cadre de l'expérimentation visant leurs établissements dans la cité phocéenne. Ils n'ont pu reprendre du service qu'à 6 heures du matin, le lendemain.
Dès le premier soir, le dispositif a créé l'inquiétude auprès des gérants de ces lieux plébiscités la nuit. "On est vraiment mal barrés. J'ai le loyer d'ici, le loyer de la maison, les assurances des voitures, le téléphone… On n'arrivera jamais à payer tout ça", confie Mehdi Benmokhtar à BFMTV.
Installé à Marseille depuis sept ans, il ouvre chaque jour son magasin de 10 heures à 4 heures du matin. Mais c'est la nuit qu'il réalise 80% de son chiffre d'affaires. Cette fermeture imposée est donc un réel coup dur.
"Si on ferme à 22 heures définitivement, on sera mort. Nos commerces ne vaudront plus rien", dit-il.
Selon lui, cette fermeture, même temporaire, est déjà inquiétante pour l'avenir de son commerce et celui de ses employés.
"Je vais devoir arrêter un employé, car je ne pourrai pas payer les deux, c'est sûr et certain. Ça va être très très dur pour moi comme pour eux", ajoute le gérant.
Des établissements "incompris"
Jusqu'au 21 avril, les épiceries de nuit doivent fermer leurs portes la nuit, de 22 heures jusqu'à 6 heures du matin le lendemain. L'expérimentation a été décidée il y a quelques semaines par le préfet de police de Marseille en réponse aux nuisances dont se sont plaint certains riverains.
Dans le centre-ville de Marseille, plusieurs dizaines d'établissements similaires seraient dans le viseur des autorités. Elles seraient, selon elles, également le théâtre de rixes ou de blanchiment d'argent.
"Il y a une incompréhension totale vis-à-vis de ces alimentations qui sont dans l'hyper-centre, qui sont entourées de discothèques, d'avant-boîte, de pubs, qui eux génèrent directement des nuisances sonores", lance Mohamed Benmeddour, porte-parole des gérants des épiceries de nuit.
Il insiste: "les alimentations ne génèrent pas de nuisances sonores en réalité. Tu rentres et tu sors".
Certains épiciers ont déposé un recours devant le tribunal administratif. En vain. L'expérimentation pourrait être étendue au-delà de la fin du mois d'avril.