"C'est historique": pourquoi les Bouches-du-Rhône sont confrontées à une sécheresse précoce

Grâce à une sonde, le SYMCRAU mesure la profondeur de la nappe phréatique de la Crau. - BFM Marseille Provence
La préfecture des Bouches-du-Rhône a placé, ce mercredi 5 février, le département en vigilance sécheresse. La nappe phréatique de Crau entre Fos-sur-Mer, Salon-de-Provence et Arles est au plus bas.
"Actuellement, sur l’ensemble de la nappe, les niveaux mesurés accusent une baisse, plus rapide que lors des années précédentes et des années sèches", a alerté la préfecture dans un communiqué.
"Inédit" en février
Une inquiétude soulevée par le Syndicat mixte de gestion des nappes de la Crau (Symcrau), qui a relevé des niveaux "bas à très bas sur un certains nombres de points de la nappe", souligne sa présidente Céline Tramontin.
De dix mètres de profondeur en janvier, la nappe phréatique atteint désormais 11,67 mètres, a calculé Florian Bouleaux, en charge du suivi de la nappe au Symcrau. "À cette période, pour que ça descende aussi rapidement et qu'on atteigne des niveaux aussi bas, c'est vraiment historique."
"C'est préoccupant, inédit sur un mois de février, la baisse est historique. Depuis 2013 (date à laquelle le syndicat a débuté la prise de relevés, ndlr), ce sont les niveaux les plus bas", renchérit Céline Tramontin.
Des niveaux de pluie en baisse
Pour expliquer cette diminution des nappes, il faut remonter à la fin de l'automne. "Les agriculteurs, qui irriguent les prairies de foin de Crau et qui permettent donc la recharge de la nappe à 70%, ont arrêté l'irrigation avec un mois et demi d'avance sur la saison parce qu'il y a eu des pluies significatives à l'automne", expose Céline Tramontin.
Les agriculteurs n'ont ainsi pas eu besoin de prendre l'eau de la Durance pour leur prairie, poursuit-elle. "Cette eau n'est ainsi pas arrivée jusqu'à la recharge de la nappe phréatique."
La région paie également le déficit de pluie. "Nous avons enchainé des mois avec des cumuls de précipitations en dessous de la normale: le mois de décembre a été déficitaire de 71%, le mois de novembre, déficitaire de 64%", explique Hélène Correa, responsable du service prévision et climatologie pour la région sud-est chez Météo France, auprès de nos confrères de La Provence.
"Ça fait presque cinq ans qu'on enchaine les années très sèches" avec un record de près de -35% de pluie en 2022, complète Paul Marquis, météorologue et fondateur de E-Meteo Service, auprès de BFM Marseille Provence.
"En fait, on paye un peu la suite d'années sèches. 2024 n'a pas permis de rattraper le déficit partout, c'est pour cette raison que la Crau est à un niveau bas", explique-t-il.
Une amélioration avant l'été?
Un phénomène auquel se rajoute des températures en hausse cet hiver dans le département au mois de janvier. "On est à +1,67°C à l'échelle des Bouches-du-Rhône", note Hélène Correa. Une situation qui, couplée aux faibles pluies de l'hiver, ont favorisé l'assèchement des couches superficielles du sol.
Malgré cette vigilance précoce, une amélioration est encore possible ces prochaines semaines. "Les nappes dans notre département réagissent très vite aux précipitations", indique Marc Moulin, hydrogéologue pour le service géologique national français, à la Provence.
De fortes précipitations en mars et avril pourraient permettre de remplir les nappes. En attendant cette hypothétique recharge, des passages nuageux et des averses sont prévues durant ce week-end en Provence. Entre 10 et 30 millimètre de pluie sont attendus.