Bouches-du-Rhône: un aigle de Bonelli du Parc naturel des Alpilles tué par balles

L'animal avait été touché par balles au mois de février, il a finalement succombé à ses blessures un mois plus tard. L'aigle de Bonelli est une espèce protégée et en voie d'extinction.

C'est un animal issu d'une espèce protégée qui a récemment disparu. Un aigle de Bonelli du Parc régional des Alpilles dans les Bouches-du-Rhône, est mort début mars après avoir été touché par balles quelques semaines plus tôt. Blessé, il avait été recueilli par le centre régional de sauvegarde de la faune sauvage (CRSFS).

"On l'a accueilli le 4 février. Il était blessé à l'aile gauche. On a fait une radio pour voir l'état de sa blessure, et c'est là qu'on a vu qu'il était victime d'un tir illégal avec deux plombs présents dans son corps", raconte à BFM Marseille Provence, Loriane Aubinais, chargée du CRSFS, en montrant une photo de l'oiseau blessé.

Au centre, l'aigle de Bonelli a reçu des soins quotidiens de la part de l'équipe et a même subi une chirurgie osseuse. Malgré cette intervention, l'animal n'a pas pu être sauvé et est mort de ses blessures le 1er mars dernier.

Une plainte déposée

L’aigle de Bonelli est aujourd’hui une espèce protégée et en voie d'extinction. Le conservatoire d'espaces naturels de Provence-Alpes-Côte d'Azur et la Ligue de protection des oiseaux (LPO) ont décidé de porter plainte pour destruction d'espèce protégée. La personne responsable de la mort de l'aigle encourt jusqu'à trois ans de prison et 150.000 euros d'amende, selon le Code de l'environnement.

Ce décès n'est pas anodin pour le parc régional naturel des Alpilles. Seulement quatre couples d'aigles de cette espèce vivent encore au sein de ce dernier. Au total, 42 couples nicheurs vivaient en France en 2021, dont 18 dans les Bouches-du-Rhône, selon les chiffres du parc des Alpilles.

D'après Loriane Aubinais, la mort récente de l'oiseau de proie n'est pas un acte isolé. La LPO a dénombré l'année dernière, 25 oiseaux issus d'espèces protégées victimes de tirs illégaux.

"Depuis l'ouverture du centre en 1996, on a reçu 11 individus, 11 aigles de Bonelli et parmi eux, il y en avait déjà deux autres qui ont été victimes de braconnage. C'est très embêtant car c'est une espèce protégée, on a très peu d'individus en France, donc chaque individu compte et on ne peut pas se permettre de les perdre", souligne-t-elle.

Espace favorable à la présence des aigles de Bonelli

Le Parc régional des Alpilles créé en 2007 et grand de 51.000 hectares est un endroit favorable à la présence des aigles de Bonelli grâce à sa biodiversité très diverse.

Il trouve "les conditions optimales au travers de la présence d'un massif dans lequel il va pouvoir nicher et se reproduire et de la présence de grandes plaines agricoles autour du massif dans lesquelles il va chasser (...) et où il trouve le gîte et le manger sur place qui lui permet de vivre dans un espace naturel qui lui est nécessaire", explique Eric Blot, directeur du parc des Alpilles à BFM Marseille Provence.

Entouré de montagnes, le parc compte 48% d'espaces naturels, 42,5% de terres agricoles et d'importantes forêts.

"Le territoire du Parc offre une complémentarité d’habitats naturels rarement observée, où les milieux humides (canaux, mares temporaires…) se mêlent intimement aux espaces secs de la colline", soulignent les équipes du parc sur leur site Internet.

En plus de l'aigle de Bonelli, trois autres espèces d'oiseaux menacées et protégées vivent dans les Alpilles: le Vautour percnoptère, le Faucon crécerellette et le Hibou grand-duc.

Francesco Carvelli et Gauthier Hartmann