Villeurbanne: le Transbordeur tagué par le groupe d'extrême droite Les Remparts avant le concert de Médine

Le rappeur normand Médine Zaouiche, alias Médine, à Gronfreville-l'Orcher, en Seine-Maritime, le 24 mars 2023. - LOU BENOIST © 2019 AFP
Ils ont agi dans l'obscurité de la nuit de mercredi à jeudi. Équipés de pochoirs en carton et de bombes de peinture bleue, des militants identitaires appartenant aux Remparts ont recouvert le Transbordeur et ses abords de tags.
"Médine=Islamiste", "Islamists Go Home" ou encore "Salut les islamo-gauchistes" peut-on lire sur les murs de la salle de spectacle villeurbannaise. C'est ici que doit se produire le rappeur havrais ce jeudi, à 20h. Un concert qui s'inscrit dans le cadre du "Médine France Tour".
Ces slogans hostiles et accusateurs envers l'artiste engagé et son public, le mouvement d'extrême droite lyonnais -qui fait l'objet de demandes répétées de dissolution- les revendique sur ses réseaux sociaux.
Au cœur d'une polémique au cours de l'été
"Médine est un rappeur qui entretient des relations avérées avec des personnalités et associations islamistes, dont 'Havre de Savoir', proche des Frères musulmans", s'indignent Les Remparts pour justifier leur mobilisation. "De plus, certains de ses textes et albums, comme 'Jihad', font écho à des appels à la violence et à des provocations qui promeuvent l’idéologie islamiste."
Pêle-mêle, les militants identitaires lyonnais reprochent à l'artiste de participer à des conférences avec le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), sa proximité supposée avec Tariq Ramadan ou encore sa présence aux côtés de Hassan Iquioussen, imam nordiste depuis expulsé vers le Maroc. Et fustigent son invitation aux universités d'été d'Europe Écologie-Les Verts au Havre en août dernier.
Ladite invitation avait valu à Médine de se retrouver au cœur d'une polémique sur son prétendu antisémitisme, après un tweet au sujet de Rachel Khan, petite-fille de déporté.
Dans un entretien accordé à Paris-Normandie, le rappeur normand avait plaidé "une maladresse", assurant ignorer l'histoire familiale de l'essayiste. Il avait aussi reconnu avoir commis "des erreurs" dans ses prises de position (quenelle, emploi du terme "tarlouze" en 2007, etc) par le passé. Il résume: "On cherche une maladresse ancienne pour me disqualifier, discréditer la gauche à travers moi".
"C'est mon combat"
Le Normand se sait plus exposé encore depuis qu'il prend part à des événements politiques. Toujours dans les colonnes de Paris-Normandie, il déclare: "Je pourrais me cantonner à m’exprimer juste dans le cadre de mes albums. Je sens une urgence de la société avec la montée de l’extrême droite dont je suis l’une des cibles principales. C’est mon combat".
"À Lyon, Grégory Doucet, prompt à dénoncer les défenseurs de l’identité, était allé 'écouter' Médine cet été (au Havre, NDLR), passant outre toutes ses attaques contre notre peuple", pestent encore Les Remparts, affirmant que "le rappeur incarne parfaitement la volonté d’entrisme des Frères Musulmans et le concept d’islamo-gauchisme".
L'étiquette de personnalité polémique accolée à Médine le dessert parfois artistiquement. En 2019, il avait dû se résoudre à annule ses concerts au Bataclan et au Zénith de Paris après des diatribes venues de la droite et de l'extrême droite. Et en début de semaine, c'est la mairie de Toulouse qui a fait le choix de déprogrammer la performance du rappeur initialement prévue samedi à Bagatelle.
À grand renfort de tags, c'est également une annulation du concert de Médine à Villeurbanne qu'espèrent obtenir les identitaires des Remparts. "Nous ne souhaitons pas que ce genre d'événement souille la réputation de notre ville et salisse la mémoire de notre peuple", osent-ils. Avant d'inciter leurs suiveurs à "faire part de (leur) avis avec politesse sur la venue de Médine" au personnel du Transbordeur.