"Une sensation d'avoir été utile": des pompiers du Rhône partis à la frontière ukrainienne racontent leur mission

Ils sont revenus en France après plusieurs jours passés en Moldavie à la frontière ukrainienne. Des sapeurs-pompiers du Rhône, bénévoles et volontaires, ont effectué une mission auprès des réfugiés ukrainiens présents à la frontière moldave. Ce lundi sur le plateau de BFM Lyon, deux d'entre eux sont revenus sur leur mission.
"Des scènes assez marquantes"
Partis le 11 mars pour la Moldavie, ils ont passé du temps avec les réfugiés ukrainiens fuyant la guerre, alors que le conflit en Ukraine en est ce lundi, à son 26e jour.
"Je vais garder en tête plusieurs scènes pendant un moment. Les scènes où les réfugiés arrivaient en masse assez paniqués et s'effondrent une fois la frontière passée. Ce sont des scènes qui sont assez marquantes", raconte à BFM Lyon Manon Valles-Mazzola, l'une des pompiers membre de mission, ajoutant avoir assisté aussi à des scènes de joies "très intenses”.
"Sous le chapiteau, on arrivait à réconforter les enfants et les familles, quelques sourires, et quelques rires c'était très émouvant", ajoute la jeune pompière.
Les pompiers rhodaniens sont partis en Moldavie dans le cadre d'une opération de l'association CASC-Appui, en lien avec l'ONG Médecin Sans Frontières. L'objectif principal a été d'assister les secours débordés sur place, les aidant à faire face à l'afflux de réfugiés, en raison notamment de la crainte de bombardements à Odessa, ville ukrainienne proche de la frontière moldave.
Les septs bénévoles partis du Rhône, dont deux médecins et un infirmier, sont venus apporter leur aide emmenant avec eux, deux ambulances et un véhicule de transports.
"Nous avons même récupéré pour l'anecdote, un sapeur-pompier de Poleymieux-au-Mont d'Or qui fait ses études en Roumanie", témoigne le colonel Vincent Guillot, pompier et président de l'association CASC sur le plateau de BFM Lyon.
Une tonne de médicaments pour les hôpitaux moldaves
À la frontière ukraino-moldave, les pompiers du Rhône ont principalement eu comme mission l'aide humanitaire aux réfugiés. Ils ont pu leur apporter un soutien psychologique, alors que de nombreuses personnes arrivaient à la frontière en état de choc.
"C'était vraiment du réconfort psychologique émotionnel, de l'entraide humanitaire", souligne Manon Valles-Mazzola.
Les pompiers ont aussi apporté une aide matérielle emmenant avec eux dans leur périple, une tonne de médicaments à destination des hôpitaux moldaves, souvent débordés. Plus de trois millions de réfugiés ukrainiens ont déjà quitté leur pays en guerre depuis plus de trois semaines. Selon des chiffres des Nations-Unies, 337.000 Ukrainiens ont afflué en Moldavie pour fuir les combats au 14 mars.
"On sent qu'il y a une tension, les autorités locales, les policiers, les militaires, les garde-frontières, ils sont très vigilants. On ressent cette tension. Mais paradoxalement, la vie continue. (...) Il nous arrivait d'entendre des sirènes au loin des alarmes pour des avions, il y avait des bombardements très proches qui étaient à quelques kilomètres", explique le colonel Vincent Guillot, qui rappelle qu'il s'agissait de la première mission de l'association CASC dans le cadre d'un conflit.
Une mission réussie
Même constat pour Manon Valles-Mazzola qui souligne que ce genre d'expérience et de sensations était nouveau pour tous les membres de la mission. Désormais revenus, ils estiment qu'ils ont pu vraiment aider sur place, les secours en Moldavie.
"On avait peur de ne pas réussir à se rendre utile et puis on est reparti avec une sensation de vraiment avoir été utile, on a apporté une dynamique vraiment très intéressante sur le terrain", souligne la sapeur-pompière rhodanienne.
De son côté, malgré son retour en France, le colonel Vincent Guillot se remémore encore des images marquantes de leur mission à la frontière ukrainienne, notamment celle d'une dame âgée d'environ 75 ans.
"Seule, debout, elle est descendue du car. Elle déposait ses bagages et ne bougeait pas. Un de mes collègues est allé la voir, et en fait, cette dame était aveugle. Elle est partie de chez elle, seule avec ses sacs, rejoindre l'Italie où elle était attendue. Elle se reposait complètement sur les gens qu'elle allait croiser pendant le voyage, sur la solidarité qu'il pouvait y avoir lors des passages de frontière", raconte-t-il.
Une équipe en Pologne
Si une nouvelle mission à la frontière n'est pour le moment pas prévue, le colonel Vincent Guillot affirme qu'une équipe pourrait à nouveau repartir selon les besoins des secours sur place, notamment en cas d'un bombardement d'Odessa qui entraînerait des milliers de réfugiés à la frontière avec la Moldavie.
Récemment, une autre équipe de pompiers du SDMIS du Rhône est partie pour apporter son aide aux Ukrainiens, cette fois en Pologne. Les pompiers envoyés sur place ont notamment amené aux forces sur place, trois véhicules de secours ainsi que du matériel.