BFM Lyon
Lyon

Une nasse illégale à Strasbourg? Un député insoumis dépose un signalement auprès de la procureure

Le député LFI assure avoir recueilli 24 témoignages de victimes.

Le député LFI assure avoir recueilli 24 témoignages de victimes. - BFM Alsace

Le député LFI du Bas-Rhin Emmanuel Fernandes a annoncé le dépôt d'un signalement au parquet après que des manifestants ont été, selon lui, retenus lundi soir, à Strasbourg, dans une "nasse" où ils ont subi un "gazage".

"C'est absolument inadmissible. C'est un abus clair et caractérisé de l'usage de la force." Le député insoumis du Bas-Rhin, Emmanuel Fernandes, a annoncé jeudi déposer un signalement auprès de la procureure, dénonçant une nasse illégale de manifestants lundi soir.

"Je viens déposer un dossier très complet, avec une vingtaine de documents vidéos, et 24 témoignages circonstanciés de personnes qui ne se connaissaient pas et qui expliquent qu'il n'y avait pas de possibilité de sortie", a affirmé l'élu.

Et de préciser: "Je suis là dans le cadre de l'article 40 du code de procédure pénale qui m'impose (...) de signaler tout fait illégal qui serait porté à ma connaissance".

Lundi soir, en marge des manifestations contre la réforme des retraites, plusieurs personnes disent avoir subi une "nasse" où ils ont été victimes d'un "gazage" par des policiers dans une ruelle du quartier de la Petite France à Strasbourg.

"Je n'arrivais plus à respirer"

Selon le récit d'Emmanuel Fernandes, une centaine de personnes se sont retrouvées bloquées dans une ruelle large de "2m50" des deux côtés. Le député LFI, qui a dénoncé des "violences policières", a évoqué des "vidéos" prouvant selon lui "que des deux côtés de la rue", il n'y avait "aucune possibilité de sortie (...) pendant une bonne quinzaine de minutes".

Sur l'une d'elles, on distingue de nombreuses personnes dans une rue étroite bloquée par les forces de l'ordre. Une fumée grise flotte dans l'air, des insultes fusent et une femme crie "faut sortir!"

Certaines personnes présentes pendant cette scène, ont annoncé vouloir porter plainte à titre individuel. Marine raconte ainsi à BFM Alsace avoir vécu une "scène d'horreur".

"Ça a duré très longtemps. Pendant 30 grosses secondes, je n'arrivais plus à respirer et à prendre de l'air, c'était terrifiant. Beaucoup de personnes criaient, hurlaient, vomissaient autour de nous", raconte Morgane, témoin dans le dépôt de signalement.

Également présent sur les lieux au moment des faits, un autre témoin décrit que depuis l'incident, une solidarité s'est installée entre les manifestants. On n'est pas tout seul à avoir vécu ça, on est un petit groupe d'une dizaine de personnes. "Il y a aussi ce sentiment de soutien", explique-t-il.

"On a constitué un dossier ensemble, donc ça apporte un peu plus de poids", raconte Alan Depriester, témoin dans le dépôt de signalement.

Darmanin évoque la présence d'éléments radicaux

Interpellé à l'Assemblée par Emmanuel Fernandes, Gérald Darmanin a lui évoqué "une cinquantaine d'éléments radicaux" qui "ne sont pas sortis" alors que les forces de l'ordre le leur avaient demandé.

"Une part des manifestants s'est alors retrouvée" dans la ruelle tandis que les policiers "étaient autour du pâté de maisons", selon le ministre de l'Intérieur.

Sarah Francesconi avec Thibault Nadal et AFP