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"Théoriquement, on n'est plus expulsable": un squat de mineurs isolés "officialisé" à Lyon

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Les deux bâtiments occupés depuis le 1er novembre par le collectif Soutiens/Migrants Croix-Rousse appartiennent à la Ville de Lyon. Ils sont vides depuis quatre ans.

C'est officiel. Un nouveau squat pour mineurs isolés a été officialisé à Lyon, sur le plateau de la Croix-Rousse, ce samedi par le collectif citoyen Soutiens/Migrants Croix-Rousse. Occupés depuis le 1er novembre, les deux bâtiments concernés sont des propriétés de la Ville de Lyon. Surtout, cela fait quatre ans qu'ils sont vides.

Le collectif citoyen se trouve donc sur place depuis plus de 48 heures. Or une fois passé ce délai, la police ne peut plus intervenir pour les déloger et une décision de justice devient nécessaire.

"Si on occupe depuis plus de 48 heures, et que ce n'est pas le domicile de quelqu'un, ça doit passer par une décision de justice, il faut qu'un juge prononce l'expulsion. Il se trouve qu'on est là depuis mardi, ça fait quatre jours. Théoriquement, on n'est plus expulsable comme ça", explique Didier Jilet, de Soutiens/Migrants Croix-Rousse au micro de BFM Lyon.

Une trentaine de migrants

Une autre membre, Anne Charmasson, explique, qu'à défaut d'avoir eu "la proposition de mettre à disposition ces logements", le collectif Soutiens/Migrants Croix-Rousse a "décidé de les réquisitionner pour permettre à ces jeunes d'être mis à l'abri".

"C'est légitime d'avoir fait ça, ça correspond au droit au logement", continue Anne Charmasson.

Une trentaine de migrants mineurs en recours vont donc pouvoir prendre possession des lieux. "Notre méthode est de ne pas faire prendre de risques aux jeunes pour ne pas qu'on leur colle une procédure d'occupation illégale. On prend les risques à leur place et on leur met à disposition le bâtiment, on les aide à s'organiser", explique Sébastien Gervais, de Soutiens/Migrants Croix-Rousse.

"Un système d'évaluation bancale"

Dans un communiqué, le collectif a tenu à saluer les actions des institutions locales sur la situation des mineurs isolés, comme l'ouverture temporaire d'un gymnase. Il regrette néanmoins des solutions "malheureusement pas suffisantes tant que les évaluations de minorité seront aussi malveillantes" et que des mineurs restent à la rue.

"On a un système d'évaluation qui est bancal, qui est à charge, qui fait qu'il y a beaucoup trop de mineurs qui sont refusés en premier lieu leur minorité alors qu'ils le sont vraiment. 80% finissent par être reconnus mineurs", affirme explique Keren Rosen, Collectif Soutiens/Migrants Croix-Rousse à BFM Lyon.

La coordination urgence migrants aimerait qu’une convention soit signée avec la Ville de Lyon pour rendre totalement légale cette occupation. En visite sur place, le maire d’arrondissement n'a pas souhaité se prononcer sur la question.

Laurent Canonico avec Marine Langlois