Provocation des Daltons à la prison de Lyon-Corbas: les surveillants pénitentiaires "démunis"

Drapés dans leur tenue de bagnard, ils prennent un malin plaisir à narguer les forces de l'ordre. Amateurs de rodéos urbains sur la place Bellecour de Lyon, les Daltons sont prêts à tous les coups d'éclat pour faire parler d'eux. Le dernier date de dimanche: un membre du collectif de rappeurs a escaladé le grillage de la prison de Corbas puis a jeté un colis de l'autre côté du mur de l'enceinte pénitentiaire. Il a ensuite accroché le haut de son costume au grillage en guise de provocation et a pris la fuite à moto.
Dominique Verrière, secrétaire régional UFAP UNSA Justice, estime que les surveillants pénitentiaires ne pouvaient "rien faire" pour empêcher cette intrusion, filmée en direct sur le compte Instagram des Daltons.
"Le grillage est sur le terrain de la prison. Mais le cadre légal pour intervenir pour les surveillants, il est encore un petit peu flou dans l'esprit de tout un chacun, déplore-t-il au micro de BFM Lyon. C'est aussi ce qui pose un petit peu les limites du système."
"On ne nous donne pas les outils"
Et d'ajouter: "En fonction de l'horaire défini, il faut avoir une équipe à envoyer. On ne croule pas sous les effectifs. Les personnes qui viennent projeter des colis ou faire le genre de faits d'armes des Daltons l'ont parfaitement bien compris. Ils savent pertinemment quelles sont les limites du système. Ils savent qu'on est démunis, ils savent aussi qu'on n'est pas bons. Il faut le dire aussi, malheureusement, parce qu'on ne nous donne pas les outils pour faire face correctement à tout ça".
Le secrétaire régional UFAP UNSA Justice craint que le collectif de rappeurs ne s'arrête pas là. "Demain, ça ira sûrement encore plus loin", imagine-t-il.
Le centre pénitentiaire de Corbas n'a pas été ciblé par hasard par les Daltons. C'est ici qu'est incarcéré Many GT, l'un des membres du groupe, condamné fin août à neuf mois de prison ferme pour l'organisation de quatre rodéos urbains.
Deux Daltons interpellés
Il pourrait être prochainement rejoint par d'autres Daltons. Deux d'entre eux ont été interpellés, a annoncé Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, mercredi sur Europe 1. Une arrestation en lien avec la projection du colis au-dessus de la grille de la prison et avec l'organisation d'un rodéo urbain le même jour, selon nos informations.
L'enquête a été confiée à la brigade de recherches de Mions. Plusieurs chefs d'accusation ont été retenus à l'encontre des deux Daltons interpellés: détention non-autorisée de stupéfiants, communication non-autorisée avec un détenu par une personne se trouvant à l’extérieur de l’établissement pénitentiaire, escalade non-autorisée de l’enceinte d’un établissement pénitentiaire, tentative de remise illicite d’objet à détenu et, enfin, conduite d’un véhicule à moteur compromettant la sécurité des usagers par violation délibérée de la réglementation routière.