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Polluants éternels: 34 communes du Rhône déposent une plainte pour "mise en danger de la vie d'autrui"

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Cette action en justice ne cible pas seulement les industriels accusés d'avoir rejeté des PFAS dans la nature, mais aussi les acteurs qui connaissaient leurs effets néfastes pour la santé et l'environnement.

Nouvelle action en justice après la révélation de "concentrations alarmantes" de polluants éternels dans la vallée de la chimie, au sud de Lyon. 34 communes ont déposé une plainte collective "pour mise en danger de la vie d'autrui" ce lundi 30 octobre, a annoncé leur avocat Me Jean-Marc Hourse.

Cette plainte réunit également six fédérations de pêcheurs et 35 particuliers. Elle vise des faits de "mise en danger de la vie d'autrui", "écocide", atteinte au règlement de l'Union européenne sur les substances chimiques et "pollution des eaux".

Les 75 nouveaux plaignants disent avoir été alertés par la presse sur les "risques générés par les activités d'Arkema et Daikin", deux groupes industriels classés Seveso seuil haut, implantés dans la vallée de la chimie, au sud de Lyon.

Les 75 plaignants dénoncent les "risques et effets nocifs sur la santé" des PFAS, "des informations alarmantes sur l'état du sol et des eaux" et des "manquements" de la part d'Arkema et Daikin.

Une autre plainte déposée par le maire de Pierre-Bénite

Cette procédure s'ajoute à une première plainte déposée par le maire de Pierre-Bénite, un des précurseurs de la lutte contre les perfluorés, ces substances également connues sous le nom de PFAS et surnommées "polluants éternels" lorsqu'elles sont exfiltrées dans la nature.

Elle était survenue peu après la diffusion d'un documentaire de France Télévisions faisant état d'une contamination de l'eau du Rhône, des sols et de l'air à Pierre-Bénite, exposant les habitants à des risques sanitaires et l'environnement à des dégâts irrémédiables. Signe que le dossier prend de l'épaisseur, le parquet de Lyon a ouvert une information judiciaire il y a quelques jours.

"Besoin de faire bloc"

"Aujourd'hui, on est ravis d'être rejoints par un vrai collectif de collectivités locales", savoure Jérôme Moroge, invité de la matinale de BFM Lyon mardi 31 octobre. "On avait besoin de faire bloc pour porter cette voix-là." Et inciter les autorités compétentes à mener des analyses poussées sur les rejets industriels.

Il déplore néanmoins un manque de solidarité de la part des écologistes de la métropole de Lyon, qui ne se sont pas joints aux plaignants dans ce dossier. "C'est un vrai regret", reconnaît-il.

Comment expliquer cette décision de Bruno Bernard, qui souhaite pourtant "s'installer dans un temps très long en menant un certain nombre d'actions, notamment avec un institut écocitoyen"? Jérôme Moroge dit l'ignorer.

"Qui savait? Qui a fait quoi?"

Quoi qu'il en soit, cette plainte commune et l'information judiciaire permettront de "faire la lumière sur la situation". C'est du moins ce qu'espère le maire de Pierre-Bénite. L'idée n'est pas nécessairement de pointer du doigt les industriels Arkema et Daikin, suspectés d'être à l'origine de ces rejets nocifs, mais de répondre aux questions suivantes:

"Qui savait? Qui a fait quoi? (...) Qui finance la (dé)pollution et le retour en arrière?" "C'est un peu le principe du pollueur-payeur", résume Jérôme Moroge.

Signe que l'"omerta" qui entourait les perfluorés jusqu'ici se fissure, le maire de Pierre-Bénite assure être désormais "bien épaulé par l'État", et plus précisément par la préfecture du Rhône. Pour preuve, cette dernière impose aux industriels des réductions de rejets de perfluorés depuis septembre 2022 et en interdira l'utilisation d'ici à 2024.

Selon les autorités, Arkema respecte désormais les seuils autorisés, tandis que les rejets émis par Daikin "demeurent faibles et maîtrisés".

F.B. avec AFP