Policier roué de coups à Lyon: deux individus condamnés, huit relaxés

(Photo d'illustration) - AFP
Plusieurs fractures à la cheville, une luxation du tendon d'Achille, des ecchymoses ici et là: agressé devant chez lui alors qu'il rentrait d'une soirée en juin 2020, un policier lyonnais s'était vu prescrire 45 jours d'ITT. Sa compagne, présente à ses côtés, avait également essuyé des coups au niveau de la clavicule.
Dix personnes suspectées d'avoir pris part à ce lynchage étaient jugées depuis novembre dernier. Ce mardi, la justice a rendu son délibéré.
Deux des prévenus ont écopé de cinq ans d'emprisonnement, dont 30 mois avec sursis et une période probatoire de trois ans. Les huit autres ont été relaxés. Deux mineurs, qui auraient rameuté un groupe dans un square, avaient quant à eux été renvoyés devant le tribunal pour enfants.
"Un peu d'amertume"
Me Bohé, avocat des victimes, a estimé la décision de la justice "un peu surprenante" et dit ressentir "un peu d'amertume".
"On rendait un délibéré pour dix personnes majeures qui étaient jugées, la plupart d'entre elles avaient été en détention provisoire, parce qu'on avait estimé du côté des enquêteurs et du procureur de la République qu'il y avait quand même des éléments suffisants pour estimer qu'ils avaient participé activement aux violences, a-t-il déclaré au micro de BFM Lyon. Au final, on a deux condamnations, c’est-à-dire huit personnes sur lesquelles on estime qu'il n'y a pas suffisamment d'éléments. (...) Je pense qu'il va y avoir du côté de mes clients une déception certaine."
Les différentes parties bénéficient dès ce mardi d'un délai de dix jours pour faire appel. Me Ilie Negrutiu, avocat d'un des deux hommes condamnés, "ne sait pas encore quelle sera la décision" de son client, ce dernier ayant "contesté sa participation aux violences" mais admis sa présence sur les lieux.
"On a le reflet d'un dossier qui avait été monté avec la volonté de trouver des coupables, pas forcément avec des moyens adéquats", estime l'avocat.
"Je me suis dit que c'était la fin"
"Je me suis dit que c'était la fin, avait déclaré le policier à notre micro peu après l'agression. (...) Je me disais qu'il fallait que je tienne encore un coup, puis encore un coup, étape par étape. Jusqu'au moment où je n'ai plus pu. Je me suis résigné."
La victime, sauvée par l'intervention des forces de l'ordre et d'un voisin, expliquait avoir été agressée en raison de sa profession et insulté de "sale flic".
Ce fait divers avait suscité l'indignation des forces de l'ordre. Plus d'une centaine de policiers s'étaient notamment rassemblés devant le Palais de justice de Lyon en soutien à leur collègue.