"On ne peut pas laisser faire": après une intrusion dans son cours à Lyon 2, le professeur visé va porter plainte

Une enquête a été ouverte par le parquet de Lyon après l'interruption d'un cours à l'université de Lyon 2 sur son campus de la porte des Alpes le 1er avril. Le professeur visé, Fabrice Balanche, a annoncé sur BFMTV qu'il allait porter plainte.

"Je vais porter plainte avec le soutien de l'université." Alors que le parquet de Lyon a ouvert une enquête pour "entrave à l'exercice de la fonction d'enseignant", Fabrice Balanche, maître de conférences à l'université Lyon 2 prend à son tour la parole ce vendredi 4 avril.

Pour le chercheur, le dialogue est totalement rompu entre lui et les étudiants du collectif qui ont fait irruption dans son cours mardi 1er avril. "Vous pensez qu'on a envie de discuter avec des gens pareils?" Il dénonce "des insultes à mon égard, à l'égard de la présidente de l'université" ou encore "des caricatures".

"Il faut tout simplement les exclure de l'université", lance-t-il sur BFMTV.

Il explique qu'il déposera plainte ce samedi "ou en début de semaine prochaine", "parce qu'on ne peut pas laisser faire ces agissements (...), ils imposent un terrorisme intellectuel".

Son cours interrompu ce mardi

Mardi dernier, une action avait été menée sur le campus de la porte des Alpes par une quinzaine de personnes masquées, qui reprochaient vraisemblablement au chercheur de s'être prononcé en faveur de l'interdiction d'une initiative étudiante qui consistait à une rupture du jeûne du ramadan avec un repas collectif.

À l'origine de cette initiative, un collectif qui occupe depuis plusieurs semaines sans autorisation une salle de cours sur le campus de Bron. Le géographe Fabrice Balanche avait publiquement dénoncé les agissements du collectif qui ne respectaient selon lui pas le principe de laïcité à l'université.

Le collectif a alors fait irruption dans son cours. "Ils m'ont accusé d'être pro-Assad, d'être sioniste...", raconte-t-il sur BFMTV. L'enseignant-chercheur est alors parti de l'amphithéâtre sous les quolibets.

"J'ai décidé de plier bagage parce que ça ne servait à rien de rester dans ces conditions-là dans l'amphithéâtre. Ils ont essayé de m'empêcher de partir mais quelques étudiants les ont arrêtés."

"Ce n'est pas à moi d'avoir peur"

Le collectif Lyon 2 Autonome a depuis expliqué que cette intrusion était pour dénoncer les prises de position du géographe sur la Palestine. Le chercheur s'était rendu en Syrie en 2016, aux côtés notamment du député (LR) de l'époque Thierry Mariani, et la délégation avait alors rencontré Bachar Al-Assad.

Une rencontre qui n'était "pas prévue au programme" selon le géographe, accusé depuis de soutenir le régime de l'ancien président. Toutefois, le maître de conférences indique que c'est la première fois qu'un tel incident se produit avec des étudiants.

"Je n'ai pas cours lundi, mais mardi je vais reprendre mes cours normalement. Il n'y a aucune raison de plier, ce n'est pas à moi d'avoir peur", assure-t-il.

Les deux ministres de l'Éducation nationale Élisabeth Borne et de l'Enseignement supérieur Philippe Baptiste ont tout deux dénoncé une "situation inacceptable" ce vendredi 4 avril et ont réaffirmé leur soutien au professeur intimidé.

Fabrice Balanche bénéficie de la protection fonctionnelle: ses frais de justice sont pris en charge et l'université doit s'assurer qu'il puisse continuer à exercer normalement et en toute sécurité ses fonctions.

Les personnes qui sont intervenues masquées dans l'amphithéâtre ce mardi, qui peuvent ou non être des étudiants de l'université, n'ont pas été identifiés.

Juliette Moreau Alvarez