"On n'a rien obtenu": un producteur de lait du Rhône raconte sa déception après la levée des blocages

Jérôme Barange estime que Gabriel Attal n'a pas répondu aux demandes des paysans qui n'ont "rien obtenu" malgré deux semaines de mobilisation.

Après la levée du barrage des agriculteurs sur l'A43 sous la contrainte des autorités, Jérôme Barange est retourné sur son exploitation située à Duerne (Rhône) et a retrouvé ses 35 vaches avec un goût amer.

Ce producteur de lait biologique, et membre du syndicat La Confédération paysanne estime que ses revendications n'ont pas été satisfaites par les annonces du Premier ministre.

"C'est pas avec ce que monsieur Attal a annoncé qu'on va pouvoir installer des paysans ou qu'on va pouvoir garder des paysans", assure Jérôme Barange au micro de BFM Lyon.

Contre les accords de libre-échange

L'agriculteur plaide d'abord pour un revenu paysan qui lui permette de vivre de son travail en prenant en compte les coûts de production et en instaurant des prix minimum d'entrée.

"On n'est pas contre le commerce international, mais quand les produits arrivent à un coût en dessous de notre coût de production on demande à ce qu'ils soient taxés", explique-t-il, avant de prendre l'exemple d'un haricot importé du Kenya: "Il est à 3 euros le kilo, le coût de production des haricots du secteur est plutôt entre 7 et 7,50 euros, donc on dit ok il y a du haricot du Kenya qui arrive mais il sera au même prix."

Ensuite, l'engagement du gouvernement à revoir sa copie sur les accords de libre-échange est inaudible pour le producteur de lait.

"On n'est pas là pour retravailler (les accords), on est là pour dire non, on n'en veut pas, que ce soit le Mercosur, (...) le CETA avec le Canada, le Tafta avec les Etats-Unis, arrêtons de faire circuler notre alimentation sur toute la planète", martèle Jérôme Barange.

"On n'a rien obtenu"

Enfin, la mise en pause du plan Ecophyto l'a mis hors de lui, et a inquiété des associations et élus écologistes. Le ministre de la Transition écologique a tenu à rappeler ce dimanche qu'une "pause est une pause" et non "un retour en arrière".

Pour Jérôme Barange, la mobilisation des agriculteurs doit se poursuivre. "Je suis triste pour des confrères paysans qui ont fait 14 ou 15 jours de manifestations, de blocages et du jour au lendemain on leur a dit 'rentrez chez vous'" continue le paysan, estimant qu'ils n'ont "rien obtenu".

Il invite ceux qui ont été déçus par les mesures annoncées par le gouvernement à "rejoindre" la Confédération paysanne qui réfléchit à de nouveaux modes d'action pour les semaines à venir.

Maëva Commecy, Marylou Tronel, Emilie Roussey