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Lyon: officiellement dissous, Génération identitaire de retour sous un autre nom?

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Les anciens locaux de la faction d'ultradroite ont fusionné pour prendre le nom des Remparts. Ce "complexe communautaire" accueille d'anciens membres du groupe politique mais se défend de porter l'étiquette GI.

Mêmes lieux, mêmes membres ou presque et un nouveau nom. Une frange de Génération identitaire (GI), groupuscule d'ultradroite dissous en mars dernier par le ministère de l'Intérieur car présentant des risques de troubles à l'ordre public, a repris du service à Lyon ces dernières semaines, sous une forme différente.

Les locaux historiques de cette faction connue pour ses postures anti-islam et anti-immigration n'ont jamais vraiment fermé. Implantés rue du Change, le bar La Traboule et la salle de sport l'Agogé ont fusionné pour prendre le nom des Remparts. Une soirée d'inauguration y était organisée samedi.

"Désormais, ces deux locaux qui forment un complexe enraciné sur près de 180 mètres carrés se consacrent à un rôle communautaire, culturel et sport plutôt que politique, soutiennent Les Remparts dans un communiqué de presse. Débarrassés de cette étiquette, ces lieux ne pourront désormais accueillir chaque jeune fier de ce qu'il est."

"Nous ne sommes pas Génération identitaire"

"Concrètement, Génération identitaire a été dissous donc nous n'avons plus rien à voir avec cette association. Et d'autre part, il y a deux choses qui faut bien entendre: la Traboule existait bien avait Génération identitaire et elle existe désormais après. Deuxièmement, l'objet de notre association n'a rien de politique", affirme Antoine Durant, un des gérants du complexe au micro de BFM Lyon.

Ces déclarations de bonne intention peinent cependant à convaincre. La naissance de ce nouveau groupuscule est surveillée de près par la préfecture et certains élus, compte tenu des membres qui le composent et des lieux qui l'accueillent. Thomas Rudigoz, député La République en Marche (LaREM) du Rhône, a même alerté le gouvernement cet été.

"Le ministre de l'Intérieur, Monsieur Darmanin, m'a répondu, a indiqué l'élu sur BFM Lyon. Il m'a dit qu'il demandait à ses services d'étudier la question. On a dissous Génération identitaire, c'est une très bonne chose, après la dissolution de Bastion social, il y a de cela maintenant deux ans. Mais il faut aller plus loin parce qu'en fait, la Traboule, l'Agogé, c'est Génération identitaire. Ils ont commencé à la Traboule. Sauf que par ce jeu un peu juridique des associations, ils ont réussi un petit peu à passer à travers les mailles du filet."

Les militants antifa appellent les autorités à agir

Du côté des militants antifa, on demande aux autorités d'agir. "La fermeture de ces locaux-là est la priorité actuellement sur Lyon", souligne Raphaël Arnault, porte-parole de la Jeune garde, agressé à Paris la semaine dernière par des individus rattachés à Génération identitaire.

L'existence du complexe "leur permet d'avoir une certaine légitimité pour ensuite commettre des actes", déplore-t-il. Ils se disent: 'En fait, on nous laisse avoir des locaux, on nous laisse se construire donc pourquoi pas mener des attaques. On ne nous empêche pas de le faire'. Et d'un autre côté, ça permet de recruter du monde."

S'il s'avère officiellement que Génération identitaire s'est reconstitué sous un autre nom malgré la dissolution du groupuscule, ses membres risquent jusqu'à trois ans de prison et 45.000 euros d'amende

Clémence Delarbre et Aline Picard avec Florian Bouhot