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Lyon: le procès des policiers accusés d'avoir violemment frappé Arthur Naciri s'ouvre ce vendredi

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Le jeune homme avait été pris à partie au cours d'une manifestation contre la réforme des retraites en décembre 2019. Bilan: neuf dents cassées, des blessures au nez, aux lèvres et à la mâchoire.

Son visage incrédule, sa bouche ouverte et maculée de sang, ses paumes tournées vers le ciel et ses doigts figés: les images de la violente agression d'Arthur Naciri, à Lyon, sont restées dans les mémoires. C'était le 10 décembre 2019.

Ce vendredi, le procès des deux policiers soupçonnés de lui avoir porté des coups s'ouvre devant le tribunal correctionnel du Rhône. Ils sont accusés de "violences volontaires en réunion par personne dépositaire de l’autorité publique".

Enfin, se réjouit Arthur Naciri. Les trois reports de l'audience avaient éprouvé la patience du jeune homme, âgé de 23 ans au moment des faits. Le procès devait originellement se tenir en décembre 2020, puis en février 2021 et enfin en septembre 2021. Des reports décidés à la demande de l'avocat de la défense, lequel pointait notamment des insuffisances dans l'enquête.

20.000 euros de frais dentaires

Le procès devra déterminer qui a réellement porté les coups à Arthur Naciri, et quelle arme est l'origine de ses neuf dents cassées, ses blessures au nez, aux lèvres et à la mâchoire, avec pour conséquence, au moins 20.000 euros de frais dentaires.

Les vidéos tournées par les nombreux témoins de la scène seront déterminantes dans ce procès. Elles ont déjà permis à l'IGPN de conclure à un usage disproportionné de la force. Mais l'avocat de la défense conteste l'identité des agents identifiés par la police des police.

Ce qu'espère Arthur Naciri aujourd'hui, "c'est que celui qui lui a fait ça, tout simplement, soit reconnu coupable et condamné en conséquence", a indiqué Me Thomas Fourrey, son avocat, au micro de BFM Lyon.

Pris dans le cortège

"À partir des images et des vidéos qui ont été diffusées, nous avons la certitude que l'un des deux policiers a bien porté le coup dans sa bouche", poursuit l'intéressé, qui regrette que "la justice semble avoir du mal".

"Tant que je n'ai pas eu cette décision de justice, je vais de l'avant", avait affirmé la victime à notre micro, un an après les faits survenus en marge d'une manifestation contre la réforme des retraites.

Arthur Naciri ne faisait que passer aux abords de la place Bellecour lorsqu'il a été pris dans le cortège. "J'ai esquissé un sourire sur une blague qu'un syndicat CGT a lancée à l'encontre d'un CRS, avait-il retracé peu après l'agression sur RMC. Je passais à côté. Je passais à portée de main et il m'a attrapé et ils m'ont tout simplement roué de coups. J'ai vu un coup de matraque partir du bas vers le haut et m'atteindre en pleine bouche."

"Des difficultés pour mâcher"

Aujourd'hui, Arthur Naciri souffre encore des séquelles de l'agression. Me Thomas Fourrey insiste: "Il voudrait que la vérité éclate et que, surtout, ce qu'il a perdu soit reconnu. Ce qu'il a perdu quand il mange, les difficultés pour mâcher. Des choses simples, basiques, qu'il ne récupérera pas".

Clémence Delarbre avec Florian Bouhot