Lyon: face à la suspension du plan Écophyto, les apiculteurs recouvrent la place Bellecour de ruches

Tous drapés d'une combinaison blanche, ils ont pris place au pied de la grande roue de la place Bellecour, au cœur de Lyon, pour exprimer une colère teintée d'inquiétude. Une soixantaine d'apiculteurs du Rhône et des environs ont disposé sur la terre battue environ 1.000 ruches ce lundi 5 février.
La profession souhaitait exprimer son mécontentement après l'annonce par Gabriel Attal de la mise en pause du plan Écophyto, une des mesures destinées à apaiser les agriculteurs. Ledit plan vise à réduire de 50% les usages de pesticides d’ici à 2030. Or, les abeilles comptent parmi les principales victimes des produits phytosanitaires.
"Des mesures ont été prises pour les agriculteurs. Mais pour l'apiculture, pour la biodiversité, c'est catastrophique", déplore Mathieu Cellard, apiculteur à Chaussan, au micro de BFM Lyon.
"Il y a une urgence au niveau climatique"
Le producteur de miel insiste: "Il y a une urgence au niveau climatique, au niveau de la perte de biodiversité. On recule à ce niveau-là". Marc Maisonnet, coprésident du Syndicat d'apiculture du Rhône, abonde: "De nouveau, on revient en arrière", alors que "ça fait 25 ans que les apiculteurs luttent contre les pesticides".
Dans ce contexte, les apiculteurs ressentent des difficultés à se projeter vers l'avenir. Flavie Pons possède une exploitation à Luriecq, dans la Loire. Elle est venue jusqu'à Lyon témoigner de son "pessimisme".
"Je suis plutôt sur la retenue. J'investis peu parce que l'avenir est tellement incertain. (...) Je fais ça professionnellement depuis 2019 et je vois déjà une évolution négative. On ne peut plus se permettre d'investir et d'imaginer un avenir positif", reconnaît-elle.
Des actions lors du Salon de l'agriculture?
Ces dernières semaines, apiculteurs et agriculteurs favorables à la suspension du plan Écophyto faisaient pourtant cause commune. En particulier sur la lutte contre "la concurrence déloyale" et la mise en rayon en France de "miel de l'étranger à très bas coût". Toujours engagés sur ce thème, les apiculteurs ont mené une action dans un supermarché du centre-ville de Lyon en ce sens.
Selon Marc Maisonnet, des produits conçus dans d'autres pays sont vendus 2 euros quand le coût de revient des apiculteurs français atteint parfois 14 euros. Conséquence: "Les apiculteurs professionnels ont du mal à écouler leurs stocks".
La profession plaide donc pour un meilleur étiquetage des miels en magasin afin de valoriser la production française. Et elle prévoit de "poursuivre le mouvement". Marc Maisonnet esquisse une idée: "Il y a le Salon de l'agriculture qui se rapproche et peut-être qu'on sera présents à ce moment-là".