L'abbé Pierre accusé de violences sexuelles: à Irigny, l'héritage du prêtre embarrasse

Que ce soit sur la place qui porte son nom ou sur la stèle qui lui rend hommage, l'Abbé Pierre est omniprésent dans la commune d'Irigny, près de Lyon. Mais le prêtre mort en 2007 fait depuis plusieurs semaines l'objet d'accusations de violences sexuelles, dont 17 ont été révélées dans un rapport publié par Emmaüs International ce vendredi 6 septembre.
Des accusations qui ne laissent pas les habitants d'Irigny indifférents. "Ça va rabaisser Irigny encore: 'il habitait Irigny, les gens n'ont rien dit ou peut-être qu'ils ont vu ou peut-être qu'ils savaient'", craint Catherine, 65 ans.
"C'est difficile à imaginer et on ne fait pas un procès à quelqu'un qui est parti, c'est trop tard" estime une autre habitante.
"C'est pas dramatique"
L'abbé Pierre a passé une partie de son enfance dans une grande demeure d'Irigny. Si ce lieu a longtemps fait la fierté des Irignois, cet héritage est de plus en plus difficile à assumer à la vue des accusations qui pèsent sur le prêtre. Devant l'église, une fresque à son image pose aussi question. Et pour certains, il faudrait même l'effacer.
"Moi ça me choquerait qu'on retire tout, la fresque c'est une fresque, c'est pas dramatique", juge Jean-Luc, 57 ans. "Après il y a des gens qui se demandent s'il faut enlever le nom de l'abbé Pierre sur des places, sur des rues, sur des écoles, il faut aussi penser à ce qu'il a fait à côté".
En juillet, après les premières accusations de violences sexuelles visant l'abbé Pierre, la municipalité avait appelé "à ne pas faire d'amalgame entre les déviances d'un homme condamnable et son œuvre".
À ce stade, elle ne souhaite pas se précipiter et veut d'abord consulter ses administrés.