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"Je vis une vie heureuse": l'étudiant qui s'était immolé par le feu devant le Crous à Lyon donne de ses nouvelles

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Anas s'était immolé par le feu devant un Crous de Lyon le 8 novembre 2019 pour protester contre la précarité étudiante. Deux ans après, toujours soumis à des soins, il raconte sur sa page Facebook son quotidien.

"C'est un communiqué annuel d'acciversaire", annonce Anas avec une touche d'humour, en début de son message publié ce lundi 8 novembre sur sa page Facebook, deux ans après s'être immolé par le feu.

“Je cicatrise bien”

Le 8 novembre 2019, celui qui est alors en deuxième année de licence de sciences politiques à l'université Lyon-2 s'asperge de carburant devant le siège du Crous avant d'incendier ses vêtements. Un geste extrême pour dénoncer la précarité subie par les étudiants. A l'époque, l'étudiant de 22 ans qui triplait sa deuxième année de licence avait été privé de bourse.

Brûlé à 90%, l'étudiant avait été conduit au service des grands brûlés de l'hôpital Édouard-Herriot de Lyon afin d'y recevoir des soins. Il avait passé plusieurs mois dans le coma avant de sortir de l'hôpital.

Deux ans après ces faits, Anas a souhaité partager sa situation actuelle sur sa page Facebook. Rentré chez ses parents à Saint-Étienne après l'accident, il raconte être à nouveau hospitalisé afin d'effectuer une première chirurgie plastique. L'objectif est d'arriver à étendre la zone de peau saine et de cheveux sur son corps. L'étudiant explique aussi avoir perdu environ 1/3 de son intestin après avoir été brûlé. Il a toutefois reçu un rétablissement de continuité intestinale, pour améliorer la situation.

"Sinon, je cicatrise bien, plein de gens me disent 't’as une peau super douce', c’est agréable de revenir progressivement vers un corps normalisé", rassure Anas.

“Je vis une vie heureuse”

En dehors de ses soins, Anas fait aussi part de sa situation personnelle et étudiante. Il annonce être actuellement en 3ème année de licence en sciences politiques après avoir finalement réussi sa 2e année "malgré les hospitalisations''.

Anas, militant très engagé politiquement à gauche à l'université, était également très impliqué dans un syndicat au moment des faits. Aujourd'hui, le jeune homme dit "militer moins". "C'est plus lié à une déconnexion progressive au terrain qu’à autre chose, distanciel oblige", précise-t-il.

L'étudiant n'a toutefois pas abandonné la politique. Il s'est lancé sur la plateforme de streaming vidéo, Twitch pour évoquer notamment ce type de sujets.

"On parle politique sur fond de jeux ou de vidéos, on parle actualité, théories du mouvement ouvrier, anecdotes", raconte-t il.

Sur sa nouvelle plateforme, il prévoit aussi de faire un cycle vidéo sur la thématique de la brûlure en compagnie de personnels soignants liés à cette problématique, comme des brancardiers ou des médecins réanimateurs. Il souhaite aussi inviter des membres d'associations de grands brûlés.

"Je suis formé à tisser des liens entre organisations, donc, autant s’en servir pour ça. L’objectif serait d’avoir un corpus revendicatif clair pour la brûlure et les soins autour", explique-t-il.

Pour résumer sa situation, Anas affirme à la fin de son message, vivre "une vie heureuse". "Même si la France a rarement eu un avenir aussi incertain, il y a aussi de l'espoir à l'horizon, l'espoir d'une vie meilleure et belle", conclut-il.

Gauthier Hartmann