"Je suis le gardien du temple": Jérôme Bocuse revient sur le conflit qui l'oppose à l'ancien Institut Paul Bocuse

Jérôme Bocuse sort du silence. Le chef, fils du célèbre Paul Bocuse, est revenu ce jeudi sur le litige qui l'oppose à l'institut de formation ayant porté le nom de son père et qu'il a attaqué en justice l'année dernière. Il dénonce l'utilisation abusive du nom du chef triplement étoilé par l'institut, à des fins principalement commerciales.
"On leur reproche de ne pas avoir respecté les termes d'un contrat qui étaient assez simples. Il y avait des limitations géographiques dans des activités bien spécifiques et malheureusement, cela n'a pas été respecté", estime-t-il au micro de BFM Lyon.
"On aurait très bien pu s'entendre, c'est triste qu'on en arrive là [...] On m'a souvent accusé de faire ça pour l'argent alors que c'est un mensonge. Tout ce que voulais, c'est le contrôle de mon nom et ça je n'ai jamais réussi à l'obtenir", glisse le chef.
"Il ne se reconnaîtrait pas dans cette école"
L'école, fondée en 1990 par Paul Bocuse, forme des étudiants aux métiers du management de l'hôtellerie, de la restauration, notamment gastronomique, et des arts culinaires. Ce n'est en revanche que depuis 2001, que la prestigieuse école, basée à Écully, porte le nom du célèbre chef lyonnais, mort en 2018.
Depuis de nombreuses années, un contrat existe entre la famille Bocuse et l'Institut au sujet de l'utilisation de son nom. Aujourd'hui, Jérôme Bocuse assure que ce contrat n'est plus respecté par l'institut. "Il est sorti du cadre défini par mon père, avec les valeurs qui ont été définies, et souvent à des buts commerciaux", estime-t-il.
"Mon père a beaucoup donné pour cette école. Il s'est beaucoup investi et il l'aimait. Aujourd'hui, ce qu'elle affiche n'est plus cette petite association. [...] C'est une autre direction", regrette le chef.
"Ce n'étaient pas ses ambitions. Je ne pense pas qu'il ne se reconnaîtrait dans cette école. Les étudiants ne la reconnaissent pas aujourd'hui", estime-t-il.
En septembre 2022, dans une interview à Lyon-People, le fils de Paul Bocuse avait notamment accusé l'Institut d'avoir créé des recettes nommées "Institut Paul Bocuse" en partenariat avec des entreprises de l'agroalimentaire, d'avoir entamé une collaboration avec Air France ou encore d'avoir déposé son nom en Chine sans l'en avoir informé et sans autorisation.
Changement de nom
En plein cœur de cette bataille judiciaire, l'institut lyonnais a fait le choix de changer de nom. La célèbre école n'est plus nommée d'après le pape de la gastronomie française mais s'appelle désormais LYFE (Lyon For Excellence).
"J'ai été très surpris, du fait que je n'ai jamais été consulté. Je l'ai appris en même temps que les administrateurs", confie Jérôme Bocuse.
"En changeant le nom, on affiche une nouvelle direction. Je leur souhaite bonne chance dans leur décision. [...] Les choses ont fait que c'était peut-être plus simple de changer de nom avant d'avoir une décision d'un tribunal", souffle-t-il.
"Paul Bocuse, on ne va pas le remplacer. Je suis le gardien du temple et je veux être sur qu'on conserve son ADN et ses valeurs", résume-t-il.
De son côté, Dominique Giraud, directeur général de l'institut, assure que le changement de nom représente "une démarche initiée de longue date" et n'a aucun lien avec le conflit qui les oppose au chef Jérôme Bocuse. "L'amalgame est fait rapidement. C'est un lien un peu facile mais c'est depuis 2017, à partir du moment où on a pris la décision de l'extension de campus", confiait-il à BFM Lyon il y a quelques semaines.
Un des campus porte cependant toujours le nom du célèbre chef lyonnais. Jérôme Bocuse assure qu'il continuera à rester "attentif" à l'utilisation du nom de son père. "Si ça reste un hommage à l'image des Halles Paul Bocuse ou du pont, il n'y a pas de problème. Si ça devient encore une fois du commerce, on fera de nouveau recours à la justice", affirme-t-il.
Jérôme Bocuse reste toutefois préoccupé pour l'avenir des étudiants, des professeurs et des parents d'élèves. "On veut les accompagner pour être sûr qu'ils ne soient pas abandonnés, on fera tout pour les soutenir", assure le chef. Quant à la décision de justice, Jérôme Bocuse se dit "confiant".