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Fusillades et trafics de drogue à Villeurbanne: "la grande colère" des habitants du Tonkin

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Le quartier du Tonkin a été touché par trois fusillades en quatre jours la semaine dernière, parfois à côté d'écoles. Les habitants, tout comme le maire de la ville, attendent des réponses.

Lassitude et colère. Dans le quartier du Tonkin de Villeurbanne, les habitants n'en peuvent plus du trafic de drogue. Ils dénoncent ce lundi 13 novembre sur BFM Lyon "la dégradation" de la sécurité et interpellent le gouvernement.

Gérald Darmanin mis en cause

Beaucoup de travail reste à faire pour changer leur quotidien, selon ces derniers. "La police fait ce que lui permettent de faire les moyens dont elle dispose, mais malgré tout, la situation se dégrade de façon permanente", estime un habitant sur notre antenne.

"Il y a une grande colère dans le quartier, des habitants qui reprochent aux pouvoirs publics de ne pas prendre les mesures nécessaires pour avoir une amélioration durable", poursuit ce dernier au micro de BFM Lyon.

Certains riverains, tout comme leur maire, s'interrogent sur l'action menée par le ministre de l'Intérieur. "J'entends M.Darmanin dire que des points de deal sont démontés, en réalité ce n'est pas le cas", fustige l'un des habitants interrogés par BFM Lyon.

Il poursuit: "Quels objectifs il vise dans le quartier? Et comment est-ce qu'il mesure si ces objectifs sont atteints? Est-ce que c'est de fermer un point de deal, mettre des gens en prison et comme ça des chiffres sont remplis?"

Une lettre ouverte adressée à Gérald Darmanin

Pour les riverains, les récents échanges de tirs survenus juste à côté d'une école et d'une crèche du Tonkin sont l'une des principales inquiétudes. "L'école primaire et maternelle à côté de laquelle ont eu lieu les fusillades, le trafic est là depuis plusieurs années. Il y a eu trois fusillades en quatre jours. Je suis passé devant l'école [vendredi après-midi], les trafiquants étaient là, le point de deal fonctionnait", s'étonne le riverain.

Les habitants du quartier se sont réunis ce lundi matin pour lire une lettre adressée à Gérald Darmanin. "Il y a deux ans (...), vous annonciez la création de deux quartiers témoins pour lutter contre le trafic de drogue, vous affirmiez votre volonté de reconquérir ces deux quartiers (...). Deux ans plus tard, rien n'a changé, tout est pire !", est-il écrit.

Des points de deal "sitôt fermés, sitôt réouverts"

Dans cette lettre, le collectif "Tonkin Pai(x)sible" dénonce qu'"en plein jour et sans vergogne, sur la pelouse du parc de l'Europe, espace de jeux et de rencontres, dealers et clients préparent et sniffent leurs rails de coke (...). Laissera-t-on le Tonkin devenir la nouvelle colline du crack?", questionne-t-il.

"Faites poster un car de police bien visible au coin du tram, tous les jours de 10h du matin à minuit, faites circuler des patrouilles en continu le long du tramway de Charpennes à Condorcet (...). Faites monter la garde rue Henri Rolland, rue Jacques Brel, rue Dutrievoz où, dernièrement, on essaie de s'entretuer", réclament les membres du collectif.

"Aujourd'hui (...), la police ne sait pas fermer un point de deal. Sitôt fermé, sitôt réouvert. D'autres méthodes semblent vraiment devoir être envisagées. Il est grand temps monsieur le ministre", conclut les auteurs de cette lettre.

Excédés par les fusillades survenues dans le quartier du Tonkin la semaine dernière, les membres du collectif avaient décidé de prendre les choses en main et s'étaient filmés le mercredi 8 novembre en train de défiler avec une banderole et partir eux-mêmes déloger des dealers assis en bas de barres d'immeubles de leur quartier.

Alixan Lavorel avec Mathias Fleury