BFM Lyon
Lyon

Ce que l'on sait sur l'attaque de militants d'ultradroite contre une conférence pour la Palestine à Lyon

placeholder video
Une cinquantaine de membres de l'ultradroite ont attaqué la conférence du collectif Palestine 69. Trois personnes ont été blessées et une personne a été interpellée.

Une cinquantaine de membres de l'ultradroite ont attaqué samedi 11 novembre, une conférence sur la Palestine à Lyon. Des violences survenues après la manifestation qui a regroupé 1.200 personnes à Bellecour "contre l'extrême droite et toutes les formes de racisme".

• Une attaque d'une vingtaine de minutes, trois blessés

Les faits se sont déroulés vers 19 heures, à la maison des passages rue Saint-Georges, dans le 5e arrondissement. Les agresseurs étaient munis de mortiers d'artifice, de barres de fer et de battes de baseball.

À l'intérieur de la salle, une centaine de personnes assistaient à la conférence du collectif Palestine 69. Certains ont tenté, munis de chaises, de bloquer la porte d'entrée. L'attaque a duré une vingtaine de minutes et trois personnes ont été légèrement blessées.

"Ils ont essayé de casser la porte d'entrée, ils avaient des barres de fer, ils avaient des bouteilles, ils étaient armés et on a tout de suite appelé la police", détaille Jérôme Faynel, président du collectif 69 de soutien au peuple palestinien.

• Un temps d'intervention trop long?

"La police est arrivée, mais avec un temps, je dois dire, qui nous a paru extrêmement long", ajoute Jérôme Faynel. La préfecture de la région Auvergne-Rhône-Alpes et du Rhône est revenue dans la soirée sur ce temps d'intervention.

"Appel 17 reçu à 19h15, arrivée sur place des premiers équipages à 19h28. Soit treize minutes. Compte tenu des faits décrits, il était nécessaire que les équipages se regroupent pour intervenir", explique-t-elle, sur X.

• Une enquête ouverte

Une enquête a été ouverte par le parquet de Lyon des chefs de violences aggravées, dégradations en réunion, participation à un groupement en vue de la préparation de violences ou de dégradations.

Le président de Palestine 69 a déposé plainte. Grégory Doucet a réagi sur son compte X dans la soirée. Il a affirmé saisir la justice avec son adjoint en charge de la sûreté, de la tranquillité et de la sécurité Mohamed Chihi.

"Je tiens à exprimer mon soutien pour les personnes qui ont été victimes de cette attaque (...) Il n'y avait pas de raison qu'il y ait un affrontement, les images sont assez explicites, on a vu déferler ces personnes avec la ferme intention d'être violent. Ils l'ont été. Je condamne avec la plus grande fermeté et j'ai pris la décision de saisir la justice pour qu'elle s'empare de ce sujet immédiatement", déclarait samedi soir Grégory Doucet, maire (EELV) de Lyon, auprès de RMC.

Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a également condamné "très fermement les violences commises par l'ultra-droite".

"Une enquête est en cours avec d’importants moyens mobilisés pour interpeller les auteurs. Une personne l’a déjà été. Nous en tirerons les conséquences pour les structures incriminées", écrit-il, ce dimanche 12 novembre, sur son compte X.

• Une personne interpellée

La préfecture du Rhône a confirmé à BFM Lyon qu'une personne avait été interpellée et condamne les violences qui ont eu lieu ce samedi soir.

"Une personne a été interpellée et ensuite les investigations se poursuivront pour identifier les autres auteurs de ces actes, sous l'autorité du procureur de la République", déclare à BFMTV, Juliette Bossart, préfète déléguée pour la défense et la sécurité (Auvergne-Rhône-Alpes).

Sa garde à vue a été prolongée ce dimanche 12 novembre, a appris BFM Lyon auprès du parquet.

• L'ultra-droite revendique l'attaque

L'attaque de samedi soir, qui a fait trois blessés légers, a été revendiquée sur la boucle Telegram d'ultradroite identitaire et néonazie Ouest Casual par le "Guignol Squad", groupe informel coutumier des actions violentes, créé au début des Gilets Jaunes en janvier 2019. Selon des commentateurs, il s'agirait d'un faux-nez utilisé pour éviter d'exposer des groupes plus formels.

Avant ce post, beaucoup de vidéos du groupe d'ultradroite ont été publiées sur les réseaux sociaux et certains témoins et internautes ont rapidement accusé Les Remparts d'être à l'origine de cette attaque. Le groupe d'extrême droite réfute néanmoins toute responsabilité: "Les Remparts n'ont rien à voir avec cet événement".

"D'ailleurs, nous sommes assez étonnés voire interloqués de la facilité avec laquelle les Remparts sont accusés sans aucun fondement, ce qui pourrait d'ailleurs tomber sous le coup de la loi dans le cadre de la diffamation", réagit un porte-parole auprès de BFM Lyon.

Plusieurs élus ont demandé la dissolution du groupe et la fermeture de leur local "La Traboule" après ce coup de force samedi.

Sur Telegram, plusieurs vidéos de l'attaque circulent dans les boucles de l'ultradroite. Les utilisateurs y félicitent les auteurs: "Bravo à ceux qui sont allés agresser des gauchistes pro-Palestine à Lyon", peut-on par exemple lire.

Louis Léger, Arthur Blet, Juliette Moreau Alvarez et Solenne Bertrand