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Assurance, État: qui va payer la facture des dégradations survenues lors des manifestations à Lyon?

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Victimes habituelles des casseurs ces derniers mois, les commerçants peinent à payer les réparations et alertent sur les limites des assureurs.

Épicerie, quincaillerie, magasin de vélos... les commerces lyonnais situés sur le parcours de la manifestation du 1er-Mai, ce lundi, portent encore les traces des violences et des dégradations survenues en marge de la mobilisation. L'heure est maintenant aux réparations.

Mais une question reste en suspens: qui va devoir mettre la main à la poche pour remplacer les vitrines brisées, réparer les étals saccagés et nettoyer les tags sur les façades? Les assurances, disent les uns. L'État, propose le maire de Lyon.

"Les assureurs ne perdent jamais"

Les commerçants lyonnais, premières victimes collatérales des cortèges de manifestants ces derniers mois, ont du mal à garder la tête hors de l'eau. Faire jouer les assurances a ses limites, alerte le président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih) du Rhône.

"Quand vous êtes cassés une fois ou deux fois dans votre commerce, au bout d'un moment, à la date anniversaire de votre contrat, [les assurances] le résilient", explique Thierry Fontaine sur BFMTV.

Et pour chercher un autre contrat, les choses se compliquent. "On vous demande si vous avez eu des sinistres dans les cinq dernières années, continue le président de l'Umih. Bien évidemment, vous êtes obligés de dire oui, sinon votre contrat est caduque et vous n'êtes pas assurés. [...] Et vous avez des sur-primes. Ça peut aller au double, au triple, au quadruple."

Une situation souvent ingérable pour les petits commerçants, d'autant plus que les mois de mars et avril ont été "catastrophiques" pour l'économie lyonnaise, précise Thierry Fontaine.

"Il faut savoir que les assureurs ne perdent jamais. Donc, quand on casse des commerces en disant: 'Les assurances paieront, c'est eux que l'on touche', c'est faux. On touche le commerçant, on touche à sa vie."

Faire payer l'État?

Qui d'autre peut payer les pots cassés? Grégory Doucet a proposé d'alléger le fardeau des commerçants en demandant un fonds d'indemnisation à l'État.

"Il y a bien évidemment les assurances qui vont devoir jouer, mais je pense que, comme cela a été fait par le passé, la mise en place d'un fonds d'indemnisation pour s'assurer que tous les professionnels puissent retrouver leur outil de travail", a-t-il précisé au micro de BFM Lyon.

Une idée soutenue à droite par le député du Rhône Alexandre Vincendet: "C'est quelque chose sur lequel nous devrions pouvoir discuter au Sénat et à l'Assemblée nationale", estime-t-il.

La préfète dubitative

Cette proposition ne fait toutefois pas l'unanimité, notamment auprès de la préfète du Rhône, qui reste dubitative.

"Un fonds d'indemnisation, ça peut donner une image à ceux qui détruisent de dire: 'On peut casser puisque c'est l'État qui va rembourser', considère Fabienne Buccio. Mais il ne faut pas oublier que l'État, c'est chacun d'entre nous."

Dernière solution pour les commerçants lyonnais: attaquer en justice directement les casseurs pour obtenir une indemnisation.

Jordan Muzyczka avec Juliette Moreau Alvarez