Mort de 27 migrants dans la Manche: l'enquête interne annoncée par le gouvernement n'a pas eu lieu

Des migrants dans un bateau pneumatique tentent la traversée de la Manche (illustration). - Sameer Al-DOUMY © 2019 AFP
"Si à un quelconque moment il y a eu un manquement, une erreur, les sanctions seront prises", avait assuré le secrétaire d'État Hervé Berville devant l'Assemblée nationale, en novembre dernier, après des révélations du Monde sur les conditions du naufrage de migrants en novembre 2021 dans la Manche où 27 personnes avaient péri, au large de Calais.
Le journal indiquait que les passagers du "small boat" ont appelé à une quinzaine de reprises les autorités françaises pour leur demander de l'aide, en vain.
"Bien évidemment, si ces faits sont avérés, si ces personnes étaient dans les eaux françaises et si à un quelconque moment il y a eu un manquement, une erreur, les sanctions seront prises. Soyez-en assurés", avait-il indiqué dans l'hémicycle.
"Une enquête judiciaire est en cours" et "l'administration a également lancé une enquête interne, il y aura là aussi les leçons à en tirer", avait poursuivi le secrétaire d'État.
Un rapport du Cross Gris-Nez remis au préfet maritime
Pourtant, sept mois après, l'enquête interne promise par Hervé Berville, ne semble pas avoir été faite. Selon les informations du Monde, l'unique document administratif produit est "un rapport du directeur du Cross Gris-Nez remis en mars 2022 au préfet maritime".
Dedans, Marc Bonnafous, qui a depuis quitté son poste, affirme que "toutes les opérations du 24 novembre 2021 ont été traitées conformément aux procédures" et qu’"il est inexact d’affirmer que les services de sauvetage français et britanniques (…) n’ont rien fait et se sont renvoyés la balle".
"Ce rapport, qui n’engage que son auteur, ne reflète pas la réalité de ce que nous avons pu constater", indiquaient des enquêteurs de la gendarmerie dans une synthèse d’octobre 2022, dévoile Le Monde.
Relancé par le journal sur l’absence d’enquête administrative, le cabinet du secrétaire d’Etat a indiqué que "les propos du ministre à l’Assemblée faisaient référence à une enquête interne menée en 2021 à la suite de l’événement" et qu'il n'a "donc pas fait d’annonce de nouveaux éléments".
Cinq militaires mis en examen
En mai dernier, cinq militaires du Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (Cross) de Gris-Nez ont été mis en examen pour non-assistance à personne en danger.
De plus en février dernier, trois familles de migrants morts ont déposé une demande d'indemnisation auprès des autorités françaises, dont elles dénoncent "l'inaction fautive" dans ce naufrage.