Naufrage dans la Manche: la préfecture maritime visée par une plainte pour "homicide involontaire"

Des migrants sont débarqués à Calais, en France, après avoir été secourus en mer (photo d'illustration) - BERNARD BARRON © 2019 AFP
Trois semaines après le naufrage qui a fait 27 morts dans la Manche, une plainte a été déposée par l'assocation Utopia 56 ce vendredi 17 décembre contre la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord, le centre régional opérationnel de secours et de sauvetage (CROSS), et les gardes-côtes britanniques, et X pour des faits "d'homicide involontaire" et "omission de porter secours".
La plainte vise spécifiquement préfet maritime Philippe Dutrieux, le directeur du Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (Cross) Gris-Nez Marc Bonnafous, et la directrice des secours maritimes anglais (Her Majesty's Coastguards) Claire Hugues.
Dans un communiqué publié ce lundi, l'association d'aide aux migrants explique sa démarche et met en cause la responsabilité des autorités sur le dramatique bilan du naufrage, qui a fait 27 morts.
"Selon les témoignages des deux personnes rescapées, de proches de personnes décédées et de personnes ayant réussi la traversée le même jour, des appels de détresse auraient été portés aux services de secours français et anglais avant la découverte des corps par un bateau de pêche. Aucun secours ne leur aurait été immédiatement apporté. Selon une source judiciaire, l’enquête en cours, dont est saisie la Junalco (Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée) aurait d’ores et déjà permis de confirmer l’existence de ces appels", assure l'association.
La passivité des secours dénoncée par les rescapés
Les deux rescapés du naufrage ont en effet témoigné avoir passé plusieurs appels aux autorités françaises et britanniques alors que leur embarcation prenait l'eau en mer, et dénoncé la passivité des secours. La préfecture a démenti ces informations, déclarant qu'il n'y avait "aucune probabilité" qu'un appel n'ait pas été traité par leurs services.
Citée dans le journal Le Monde, elle assure n'avoir pas "eu connaissance de cette embarcation en difficulté avant que l’alerte soit donnée par un navire de pêche". Mais d'après une enquête de nos confrères, des relevés des appels téléphoniques des rescapés corroborent le fait qu’ils avaient joint les secours.
L'enquête ouverte à la suite de ce drame a été confiée vendredi dernier à des juges d'instruction parisiens. Seize Kurdes d'Irak, un Kurde d'Iran, quatre Afghans, trois Éthiopiens, une Somalienne, un Égyptien et un Vietnamien sont morts ce jour-là. Sept femmes, un adolescent de 16 ans et un enfant de 7 ans font partie des victimes.
Depuis ce naufrage, le ministère de l'Intérieur a renforcé les moyens des forces de l'ordre pour empêcher les tentatives de traversée de la Manche et lutter contre les passeurs. Un avion de l'agence européenne Frontex survole depuis le littoral français pour repérer les départs en bateau.