Migrants: les tentatives de traversée de la Manche toujours en hausse

Chaque jour, à Grande-Synthe, des dizaines de migrants espèrent rejoindre la Grande-Bretagne. Par la route, dans des camions, mais aussi en bateau en traversant la Manche. Mardi encore, 16 migrants ont été secourus sur de petites embarcations lors trois opérations distinctes.
Au total, depuis le 1er janvier, la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord a comptabilisé 342 tentatives ou traversées impliquant 4192 migrants. En comparaison, il y avait eu 203 tentatives ou traversées impliquant 2294 migrants sur l'ensemble de l'année 2019.
Un phénomène d'ampleur
"Je suis parti dans la nuit, à minuit. Mais je n'ai pas eu la chance de rejoindre l'Angleterre. Il y a beaucoup de monde sur cette route, la police nous a trouvé après quatre ou cinq heures", raconte à BFM Grand Littoral un migrant qui veut continuer de tenter sa chance coûte que coûte.
"Je ne sais pas combien de temps je vais rester ici. Peut-être un mois ou peut-être deux. Je ne peux pas m'arrêter ici, c'est trop difficile".
Comme lui, ils sont des centaines à attendre la bonne occasion. Rien que sur la zone de Calais-Coquelles, il y aurait actuellement "entre 1000 et 1200 migrants", selon le décompte confié à l'AFP par François Guennoc, vice-président de l'Auberge des migrants, qui intervient auprès des migrants du littoral.
Même si la météo estivale incite davantage aux départs, "on n'aurait jamais pensé que les traversées prendraient une telle ampleur, bien qu'elles aient connu une croissance régulière depuis octobre 2018", note-t-il, estimant les chances de réussite entre "60% et 70%".
Dix fois plus de traversées empêchées
Le son de cloche est toutefois différent du côté des autorités. La préfecture du Pas-de-Calais assure ainsi à l'AFP qu'il y a eu "dix fois plus de traversées empêchées qu'en juillet 2019 et quatre fois plus d'embarcations et de matériels ont été découverts dans les dunes".
Par ailleurs, "de janvier à juillet 2020, les traversées empêchées et les interpellations de migrants ont été multipliées par plus de 5, par rapport à la même période en 2019", ajoute la préfecture.
Pour parvenir à ce résultat, de nombreuses forces de police ont été déployées sur l'ensemble de la Côte d'Opale, à terre mais aussi en mer. Il leur a fallu toutefois s'adapter à des difficultés multiples, notamment la taille de la zone à couvrir ou les conditions d'interventions difficiles.
Pour tenter la traversée, de nombreux migrants ont recours à des réseaux de passeurs, qui les embarquent le plus souvent sur des pneumatiques faiblement motorisés, en n'hésitant pas à surcharger l'embarcation. Quelques tenatives sont aussi le fruit de jeunes exilés, "qui essayent en kayak de mer ou en petit bateau au risque de leur vie", explique Frédéric Baland, du syndicat Alliance Police aux frontières.
Fin juillet, deux migrants ont même été sauvés alors qu'ils tentaient de rejoindre l'Angleterre sur un paddle.