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Calais: à bout après plus d'un an de loyers impayés, une propriétaire en grève de la faim

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Sophie Kocaj a planté lundi sa tente de camping devant la maison pour laquelle elle n'a reçu aucun loyer depuis un an et demi. Elle lance un message d'alerte au micro de BFM Littoral.

Nichée sur un fin trottoir entre une maison et la route, la tente de camping mord légèrement sur l'asphalte. Au-dessus de cet habitat de fortune, un message écrit au feutre noir et rouge sur un drap blanc est apposé sur le mur de l'habitation.

"Grève de la faim. Locataires protégés. Je suis ruinée! 6500 euros impayés. Une honte", peut-on lire.

Ces mots sont ceux de Sophie Kocaj. Ils résument le combat mené par cette habitante de la commune d'Auchel, dans le Pas-de-Calais. Voilà un an et demi qu'elle loue à un couple et ses deux enfants de 15 et 20 ans la maison de 90 mètres carrés devant laquelle elle a planté sa tente lundi, rue du Four-à-Chaux, à Calais.

"Ils ne m'ont jamais rien donné"

Depuis leur arrivée, ces derniers n'ont pas versé un seul loyer de 600 euros à leur propriétaire. En cause: l'arrêt de travail de deux ans imposé au père de famille. Additionné aux frais d'huissier, le montant dû dépasse les 7000 euros.

Comme indiqué sur sa banderole, Sophie Kucaj a cessé de s'alimenter le jour de son installation sur le trottoir. Elle compte poursuivre sa grève de la faim tant qu'elle n'aura pas obtenu l'expulsion des locataires.

Assise sur la chaise pliante postée devant sa tente, cette professeure d'espagnol rumine et se repasse le film de ces derniers mois.

"Je leur ai laissé plusieurs chances, rembobine-t-elle, la voix en sanglots, au micro BFM Littoral. Je leur ai dit: 'Ça peut arriver dans la vie d'avoir des problèmes, des situations où on ne peut pas payer'. Mais jamais, jamais, jamais -même suite au tribunal d'instance où je suis allée-, ils n'ont jamais rien donné."

"Rien n'a bougé"

Huissier, mairie, sous-préfecture, police municipale... la propriétaire assure avoir passé de multiples coups de fil pour obtenir l'expulsion des locataires. En vain.

"La police est passée hier (lundi), reprend l'enseignante. Finalement, rien n'a bougé. Même ma tente qui apparemment embêtait tout le monde sur la voie publique."

Elle nous décrit la scène: "Les policiers sont rentrés, ont fait l'état des lieux, ont vu les animaux, ont vu tout ce qu'il se passait à l'intérieur, ont vu la dégradation. Et rien ne bouge".

Une vingtaine d'animaux

Car la maison s'est transformée en "taudis", tient-elle à souligner. Elle comptabilise à l'intérieur une vingtaine d'animaux. L'Auchelloise dit avec dépit avoir "peur" pour eux: "Ils ne sont pas en bon état".

"Quand je vois l'intérieur de la maison, je suis détruite. Je me dis: 'Par la suite, comment je vais faire pour la relouer?' Je ne sais pas", s'interroge-t-elle quelques instants avant de changer d'avis et de trancher.

Une fois l'expulsion réalisée, elle entend finalement "vendre cette maison, puisque c'est un trou. La vendre et être tranquille".

Florine Kurek avec Florian Bouhot