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Après un nouveau naufrage mortel, une année 2024 déjà historiquement meurtrière dans la Manche

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Au moins 12 migrants sont morts ce mardi 3 septembre dans le pire naufrage de l'année dans la Manche. Les drames se sont succédé depuis le début de l'été, lorsque les traversées de la Manche sur des bateaux de fortune se font particulièrement nombreuses, sur des embarcations toujours plus chargées.

Un bilan provisoire mais déjà très lourd. Ce mardi 3 septembre au matin, une embarcation de fortune transportant 65 migrants s'est disloquée. Au moins douze migrants sont morts alors qu'ils tentaient de gagner l'Angleterre, selon un bilan provisoire donné en fin de journée par Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur démissionnaire et confirmé par la préfecture maritime de la Manche.

Selon l'élu de Tourcoing, les victimes sont en grande partie des femmes, certaines mineures.

Un drame qui fait déjà de 2024 l'année la plus meurtrière depuis le début des traversées de la Manche sur des bateaux de fortune, indique l'AFP.

Le canot s'est trouvé en difficulté au large du Cap Gris Nez en fin de matinée avec plus de 60 personnes à bord, a rapporté la préfecture maritime. 51 personnes "ont été sauvées" mais deux d'entre elles sont encore en urgence absolue, indique Gérald Darmanin.

Une enquête a été ouverte, notamment pour homicide involontaire aggravé. Aucune interpellation n'a encore eu lieu à ce stade.

37 décès dans des naufrages depuis le début de l'année

Le naufrage le plus meurtrier dans la Manche date du 24 novembre 2021, où 27 personnes avaient trouvé la mort. L'année dernière, 12 décès avaient au total été recensés par les autorités. Un nombre qui a triplé en 2024, alors que l'année n'est pas terminée.

Avec le naufrage de ce mardi, au moins 37 personnes ont perdu la vie dans ces traversées depuis janvier 2024, ce qui en fait l'année la plus meurtrière depuis le début du phénomène des bateaux de fortune sur la Manche.

L'année avait débuté par un premier drame. Le 14 janvier dernier, cinq personnes perdaient la vie à Wimereux, dont deux adolescents. Le 24 février, un ressortissant turc de 22 ans était retrouvé mort. Quelques jours plus tard, le 28 février, un migrant turc est mort après être tombé de son embarcation en détresse.

Le 3 mars, une embarcation avec seize personnes à son bord a coulé sur le canal de l’Aa à Watten, une fillette de 7 ans est morte. Le 19 mars, un corps était découvert dans le canal de l'Aa. Le corps semble correspondre à l'un des disparus du naufrage du 3 mars. 

Le 23 avril, cinq personnes dont une fillette de 4 ans étaient retrouvées mortes au large de Wimereux. Quelques jours plus tard, le 4 mai, un migrant mourrait dans un canal près de Dunkerque.

Le 12 juillet, quatre décès étaient recensés. Le 17 juillet, une femme érythréenne était retrouvée morte. Un mois de juillet meurtrier car deux jours plus tard, un homme était retrouvé mort.

Fin juillet, une jeune femme de 21 ans est morte écrasée sous le poids d'autres passagers d'un canot surchargé, et deux autres migrants sont décédés dans un naufrage le 11 août.

Gérald Darmanin réclame un "traité migratoire" entre Londres et l'UE

Sur les six premiers mois de l'année 2024, les traversées illégales de la Manche vers le Royaume-Uni ont atteint un nombre record, selon les autorités britanniques, qui décomptent mardi l'arrivée par ce moyen de 21.615 migrants depuis janvier.

Arrivé au pouvoir début juillet, le Premier ministre britannique Keir Starmer a annoncé vouloir accélérer le traitement des dossiers de demandeurs d'asile tout en durcissant la lutte contre les passeurs.

En fin d'après-midi, Gérald Darmanin s'est rendu sur place à Boulogne-sur-Mer pour rencontrer les sauveteurs et des élus. Lors d'un point presse, Gérald Darmanin a avancé qu'il est nécessaire de trouver un accord avec la Grande-Bretagne pour établir un "traité migratoire entre la Grande Bretagne et l'Union Européenne".

L'ancien maire de Tourcoing estime que la recherche d'un accord avec les Britanniques sera une tâche du "nouveau gouvernement dès qu'il sera nommé" et que son successeur devra s'y atteler.

Margaux Boddaert avec Alicia Foricher avec AFP