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Ce que l'on sait du naufrage d'une embarcation de migrants ayant fait au moins 12 morts dans la Manche

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Selon un bilan provisoire, 12 personnes sont mortes ce mardi 3 septembre après le naufrage d’une embarcation transportant plusieurs dizaines de migrants dans la Manche.

Une embarcation, transportant plusieurs dizaines de migrants dans la Manche, a fait naufrage dans le Pas-de-Calais, ce mardi 3 septembre. Selon un premier bilan des autorités, au moins 12 personnes sont mortes.

• 12 morts et 65 naufragés, selon un bilan provisoire

Le bilan, provisoire et déjà très lourd, fait état ce mardi en milieu d'après-midi de 12 morts après le naufrage d'une embarcation transportant plusieurs dizaines de migrants dans la Manche dans la matinée du 3 septembre au large de Boulogne-sur-Mer et Wimereux, selon la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord et Gérald Darmanin.

Le ministre de l'Intérieur démissionnaire a précisé que plusieurs autres personnes sont blessées et que deux autres sont encore portées disparues.

65 personnes ont été secourues, alors que "plusieurs d'entre eux" ont ensuite nécessité une "prise en charge médicale d'urgence".

"Les opérations de recherches sont toujours en cours. L'ensemble des personnes sont prises en charge par les secours terrestres", écrit la préfecture dans un communiqué en milieu d'après-midi.

Une enquête a été ouverte, annonce ce mardi le procureur de Boulogne-sur-Mer. Des investigations, conduitent par l'Office de lutte contre le trafic illicite de migrants (OLTIM). 33 personnes ont actuellement été auditionnées.

• Darmanin tacle les passeurs, de "véritables criminels"

Le ministre démissionnaire de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a évoqué ce mardi, aux alentours de 15h25 sur X, la mort de 12 personnes dans le naufrage.

L'élu de Tourcoing a souligné sur le réseau social qu'il s'agit d'un "terrible naufrage" et assuré que "tous les services de l’État sont mobilisés pour retrouver les disparus et prendre en charge les victimes".

Le ministre démissionnaire est ensuite arrivé aux alentours de 17h40 au port de Boulogne-sur-Mer. Il a d'abord échangé avec les personnes intervenues à la suite du naufrage avant de prendre la parole devant la presse pour un point sur la situation.

Après avoir remercié les pêcheurs qui sont venus en aide, ainsi que les secours mobilisés, Gérald Darmanin a alors indiqué que 70 personnes ont été entassées par des passeurs sur un "petit bateau de moins de sept mètres".

51 personnes "ont été sauvées" lors de ce naufrage, dont deux personnes qui sont encore en urgence absolue, indique Gérald Darmanin. "Moins de huit personnes" présentes dans le bateau "avaient un gilet de sauvetage ce matin fourni par les passeurs", selon lui. Le locataire de la place Beauvau a vivement taclé les passeurs "qui sont de véritables criminels".

"Malheureusement douze personnes déclarées décédées dont une dizaine de femmes, certaines seraient mineures", poursuit le ministre de l'Intérieur démissionnaire.

• La France réclame un "traité migratoire" entre l'UE et la Grande-Bretagne

L'élu a aussi réaffirmé la volonté de la France de voir naître un "traité migratoire" entre Londres et l'Union européenne. Un traité demandé par le président de la République à Boris Johnson il y a deux ans.

"Nous devons absolument rétablir des relations particulières avec nos amis britanniques", a-t-il assuré depuis Boulogne-sur-Mer.

L'ancien maire de Tourcoing estime que la recherche d'un accord avec les Britanniques sera une tâche du "nouveau gouvernement dès qu'il sera nommé" et que son successeur devra s'y atteler.

Il a également expliqué que les migrants qui traversent la Manche "veulent partir en Grande-Bretagne" et que les "dizaines de millions d'euros que nous négocions chaque année avec nos amis britanniques" ne suffisent pas à faire cesser les départs.

Les Britanniques "ne payent qu'un tiers de ce que nous dépensons, nous", a souligné Gérald Darmanin.

• De nombreuses réactions politiques

Plusieurs élus ont fait part de leur émotion après ce drame. Le maire de Boulogne-sur-Mer, Frédéric Cuvillier, évoque dans un post sur Facebook "une nouvelle tragédie" (...) "sur notre territoire".

"Une embarcation dans laquelle se trouvaient près de 70 personnes a fait naufrage au large de nos côtes", indique Frédéric Cuvillier également président de la communauté d'agglomération du Boulonnais.

L'élu se tient aux côtés du préfet du Pas-de-Calais, du sous-préfet et du maire du Portel et salue l'engagement des sauveteurs.

L'eurodéputé insoumis Damien Carême appelle à changer les lois françaises et européennes face à ce drame "évitable" selon lui. "Un nouveau drame sous nos yeux, conséquence des politiques mortifères de la France et de l’Union européenne", écrit l'élu sur X.

L'ancien député LR Pierre-Henri Dumont envoie, lui, ses "pensées" aux proches des victimes du naufrage. "Combien de morts supplémentaires faudra-t-il pour enfin agir, sauver des vies et redonner aux habitants la tranquillité?", écrit ce dernier sur X.

Olivier Barbarin, maire du Portel, regrette de son côté un "bilan catastrophique", tout en saluant l'action des sauveteurs déployés depuis le début de la journée en mer.

• Le naufrage le plus mortel de 2024

Outre le navire Minck affecté par l'État, d'importants moyens de secours ont été engagés, avec notamment trois hélicoptères, un avion des douanes et le patrouilleur des douanes Jacques Oudart Fourmentin pour localiser des naufragés ainsi que deux navires de pêche.

De nombreux véhicules du Samu et des pompiers sont aussi déployés au port de Boulogne-sur-Mer où un poste médical avancé a été mis en place pour la prise en charge des victimes.

En janvier dernier, cinq migrants étaient morts au large de Wimereux (Pas-de-Calais) alors qu'ils tentaient de rejoindre une embarcation pour traverser la mer et se rendre au Royaume-Uni.

Le drame survenu ce mardi est le pire naufrage de l'année dans la Manche. Il fait de 2024 l'année la plus meurtrière depuis le début des traversées de la Manche sur des bateaux de fortune.

Alixan Lavorel