Prison de haute sécurité pour les narcotrafiquants: le maire de Lens fait part de son "inquiétude" à Gérald Darmanin

Quatre sites ont été retenus par le ministre de la Justice Gérald Darmanin pour l'ouverture prochaine d'une prison de haute sécurité dédiée aux 100 plus gros narcotrafiquants du pays. Parmi eux, le centre pénitentiaire de Vendin-le-Viel, dans le Pas-de-Calais.
De quoi tourmenter le maire PS de Lens, alors que la prison de Vendin-le-Viel se situe en périphérie de sa ville. "Une telle mesure pose question et suscite l'inquiétude tant auprès des forces de l'ordre, des personnels pénitentiaires que de mes administrés", écrit Sylvain Robert dans une lettre adressée au ministre ce jeudi 20 février.
Si Sylvain Robert ne veut pas que l'État abandonne son projet, il demande à Gérald Darmanin de renoncer à Vendin-le-Vieil pour l'y implanter. Le gros point noir pour l'élu: le manque cruel d'effectifs dans son territoire où les forces de l'ordre sont toujours plus sollicitées.
"Je crains fort que le citoyen en pâtisse"
L'élu, également président de la communauté d'agglomération de Lens-Liévin, insiste sur ce manque d'agents dont souffre encore son territoire, un point sur lequel il a déjà insisté auprès de Gérald Darmanin lorsque ce dernier était ministre de l'Intérieur.
"Les représentants des syndicats de police estiment déjà qu'une centaine d'effectifs manquent à l'appel", informe Sylvain Robert, dans une circonscription de police de Lens-Liévin classée "Zone de sécurité prioritaire" depuis plus de dix ans.
Selon l'édile, les effectifs de police présents sont d'autant plus déjà constamment "sur tous les fronts", entre les délits du quotidien, les violences intrafamiliales et les ponctuels renforts sur les missions de sauvetage des migrants. "Vous comprendrez donc que la mise en place d'une 'super prison', pour reprendre le terme des médias, sur notre territoire pose question", insiste-t-il dans sa lettre.
Le maire craint que la prison de haute sécurité, si elle est installée sur sa circonscription, ne devienne une priorité des forces de l'ordre qui ne pourront pas répondre à l'ensemble de leurs missions. "Je crains fort que le citoyen en pâtisse", appuie-t-il une nouvelle fois dans sa lettre.
Des questions sans réponse
Aujourd'hui, les détails de la mise en œuvre de la prison de haute sécurité dédiée aux plus gros narcotrafiquants du pays ne sont toujours pas connus. Une nouvelle zone de flou pour Sylvain Robert qui lui aussi se pose encore beaucoup de questions sur le projet.
"Comment gérer les transferts de détenus? Comment assurer les déplacements sécurisés pour leurs soins médicaux ou pour une audition devant les juges instructeurs disséminés aux quatre coins de la France?", questionne-t-il.
Dans la continuité de sa demande, le maire de Lens a adressé une seconde lettre à Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, pour que "la question des effectifs de police soit examinée avec équité".
Le Garde des Sceaux de son côté projette d'ouvrir ce centre pénitentiaire exceptionnel au plus tard le 31 juillet prochain. Les trois autres sites sélectionnés se situent à Condé-sur-Sarthe (Orne), à Arles (Bouches-du-Rhône) et à Saint-Maur (Indre).