Nord: 225.000 euros d'amende requis contre la SNCF après la mort d'un jeune à un passage à niveau

Nicolas est mort percuté par un train à Wavrin, en 2016. - BFM Grand Lille
Une amende totale de 225.000 euros a été requise mercredi 26 mars à l'encontre de la SNCF, jugée à Lille pour la mort de Nicolas, 15 ans, mortellement percuté en 2016 par un TER qui roulait à 85km/h alors qu'il traversait le passage à niveau de Wavrin (Nord) pour prendre le train qui devait l'emmener au lycée.
L'audience a été mise en délibéré et le jugement sera rendu le 21 mai, qui se trouve être par ailleurs le jour de l'anniversaire de la victime.
Les sociétés SNCF Réseau et SNCF Mobilités sont poursuivies dans cette affaire pour "homicide involontaire par personne morale", accusées notamment de "négligence" et de "manquement à une obligation de sécurité".
La procureure, qui a estimé que les "fautes" de la SNCF "ont joué un rôle" dans le décès de l'adolescent, a requis une amende de 150.000 euros pour SNCF Réseau et de 75.000 euros pour SNCF Mobilités.
"La SNCF n'a pas fait ce qu'il fallait" selon l'avocat
Le jour du drame, les demi-barrières du passage à niveau pour les voitures étaient abaissées, mais "aucun obstacle" n'empêchait le passage des piétons qui pouvaient passer sur le côté, a souligné la présidente du tribunal lors du rappel des faits.
"Les usagers sont pris en otages, car pour prendre le train en face, ils sont obligés de traverser" ce passage à niveau "mortifère", a estimé l'avocat de la famille de la victime, Me Quentin Lebas.
"Nicolas a été percuté parce que la SNCF n'a pas fait ce qu'il fallait pour le mettre en sécurité", a-t-il estimé durant sa plaidoirie.
Une version des faits contestée par la SNCF, qui a argué que ce passage à niveau n'était pas inclus dans le périmètre de la gare de Wavrin, zone au sein de laquelle elle est la seule responsable de la sécurité ferroviaire.
La défense plaide la relaxe
La SNCF "ne peut pas modifier le passage à niveau de sa propre initiative, c'est une décision préfectorale", a ainsi plaidé l'avocat de SNCF Réseau, Me François Esclatine.
L'avocat de SNCF Mobilités, Me Julien Dreyfus, a plaidé la relaxe, affirmant que l'entreprise n'avait "aucune responsabilité en ce qui concerne ce passage à niveau", qui "n'était pas dangereux" à condition de respecter "le b.a-ba" de la sécurité routière, comme les feux de signalisation qui étaient fonctionnels au moment des faits.
"Ça fait huit ans qu'on se bat, pour que ça n'arrive plus jamais à ce passage à niveau et à cette gare", a déclaré avec force Muriel Danel, la mère de la victime, à la barre.
"M’exprimer ici est la deuxième chose la plus difficile que j’ai eu à faire après avoir enterré mon fils", a lancé la maman de Nicolas en arrivant à la barre, avec une photo de Nicolas projetée. Même discours pour le père qui a dénoncé le manque d’empathie de la SNCF et souhaite que le statut de victime de son fils soit reconnu.
La famille s’est présentée soudée, accompagnée d’une vingtaine de proches. Pour eux, les travaux effectués depuis l'accident - l'installation d'une barrière piétonne - restent très insuffisants.