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"Most Wanted": qui est Farouk Hachi, ce braqueur roubaisien sur la liste d'Europol?

Farouk Hachi, braqueur roubaisien en cavale depuis une quinzaine d'années.

Farouk Hachi, braqueur roubaisien en cavale depuis une quinzaine d'années. - BFMTV

Soupçonné d'être le cerveau d'un gang de braqueurs, il a été condamné à 20 ans de prison par contumace en 2009. En fuite, il figure sur la liste Europol des fugitifs les plus recherchés.

Derrière le narcotrafiquant Joël Soudron et Karim Ouali, soupçonné d'un assassinat à l'aéroport de Bâle-Mulhouse en 2011, il est l'un des trois criminels français les plus recherchés d'Europe. Farouk Hachi, suspecté d'être le cerveau d'un gang de braqueurs originaires de Roubaix et de la région lilloise.

Avec son équipe, il a commis une série de braquage d'agences bancaires en Ille-et-Vilaine en 2000 et 2001, ce qui lui vaut d'être inscrit dans la campagne 2021 "Europe's Most Wanted" d'Europol, l'agence européenne de police, lancée lundi dernier.

"Il m'a dit qu'à Rennes, il avait fait un carnage"

Parmi les trois fugitifs français, Farouk Hachi, dit "Moustique" ou "Kamel" est recherché pour vol en bande organisé avec arme. Selon la fiche de description d'Europol, cet homme de 52 ans de type "africain" mesure 1m65 et a les yeux marrons.

Originaire de Roubaix, c'est du côté de la Bretagne qu'au début des années 2000 il commet une série de braquage d'agences bancaires avec des complices. Saint-Malo, Saint-Grégoire, Rennes, Tinténiac... au total une quinzaine de banques sont dévalisées, parfois deux dans la même heure.

Interpellé en juillet 2002, il reconnaît cinq attaques, et est écroué. En décembre 2005, il est finalement remis liberté, l'instruction s'étant éternisée. C'est à ce moment-là qu'il disparaît. Un mandat d'arrêt européen est lancé à son encontre... sans résultat ... sans résultat.

En 2009, il est condamné par contumace à 20 ans de prison, la plus lourde des peines parmi ses complices. Lors de son procès, un capitaine de police de Roubaix raconte l'avoir rencontré une fois dans la banlieue lilloise en 2001:

"Il avait un scanner dans la voiture pour repérer la police. Il a nié être l'auteur de braquages dans le Nord. Mais il m'a dit qu'à Rennes, il avait fait un carnage".

Une traque de longue haleine

Depuis, Farouk Hachi est pourchassé par la Brigade nationale de recherche des fugitifs (BNRF), un service de police d'élite créé en 2003 après la traque d'Yvan Colonna, et qui poursuit les criminels en fuite, y compris à l'étranger. En 2009, l'ancien braqueur français Jean-Claude Pautot, condamné en 2005 à la réclusion criminelle à perpétuité pour un braquage de fourgon blindé, avait par exemple été interpellé à Cologne, en Allemagne. Cesare Battisti, ancien activiste d'extrême-gauche, avait lui été rattrapé à Rio, au Brésil, rappelle Le Monde.

Pour aboutir à ces arrestations, une vingtaine d'enquêteurs issus de différent services de la Police judiciaire, effectuent un travail de fourmis sur l'entourage des fugitifs pour retrouver leur trace. Parfois, la traque ne donne rien, comme l'expliquait en 2016 à 20 Minutes Christophe Foissey, chef de la Brigade nationale de recherche des fugitifs (BNRF): "Ils essaient de couper les ponts avec tout le monde, disposent d’un support financier et de faux papiers. Concernant les recherches, on arrête de mobiliser des hommes uniquement lorsqu’on considère que toutes les pistes exploitées n’ont rien donné."

Mais souvent, la BRNF finit par toucher à son but. Dernier exploit en date, l'arrestation en octobre 2018 du roi de l'évasion, Redoine Faïd, à Creil (Val-d'Oise). Quatre mois plus tôt, le braqueur s'était échappé une énième fois du centre pénitentiaire de Réau... à l'aide d'un hélicoptère.

Une possible fuite à l'étranger

La dernière piste connue concernant Farouk Hachi remonte à 2008, lorsqu'un policier a expliqué l'avoir aperçu à Lille. Depuis, plus rien. Les services d'Europol pensent qu'il pourrait se cacher en Belgique ou aux-Pays-Bas.

En 2017, l'agence européenne avait lancé une campagne de communication humoristique à destination du grand public pour solliciter l'aide des citoyens sur la traque des criminels en fuite. "Cher Farouk, tu dois savoir que la vie est meilleure dans la douce France. Nous espérons que tu nous reviendras bien vite. Tu nous manques, signé: la police", pouvait-on lire sur une fausse carte postale destinée à Farouk Hachi et diffusée sur les réseaux sociaux.

Un service européen pour échanger des informations

Créé en 1998, Europol qui siège à la Haye aux Pays-Bas, doit faciliter l'échange de renseignements entre les polices européennes dans la traque des criminels, comme Interpol à l'échelon international.

En 2016, l'agence a lancé la campagne "Europe's most wanted" sur le même modèle que le FBI aux États-Unis. Chaque année, Europol diffuse sur son site une liste des criminels les plus recherchés en Europe et sollicite des informations auprès du grand public.

Cette année, Europol a mis l'accent sur 65 personnes (dont quatre déjà arrêtées). Des individus choisis dans l'espoir de relancer des enquêtes et de collecter des informations auprès du grand public. Cinq d'entre-eux font même l'objet d'une récompense jusqu'à 20.000 euros, en cas d'information déterminante.

Louis Chahuneau