"Le stress est total": l'inquiétude des éleveurs du Nord face à un nouveau type de la fièvre catarrhale ovine

Si la fièvre catarrhale ovine (FCO) existait déjà en France, elle inquiète davantage les éleveurs cet été. Un nouveau sérotype 3 se développe dans le Nord de la France et un premier foyer a été confirmé par l'Anses le 5 août dans un élevage ovin de Marpent.
Laurent Henneron, agriculteur à Steenwerck (Nord), surveille avec appréhension ses 160 brebis boulonnaises, à l'affût du moindre symptôme.
"Tous les jours on est dans nos pâtures et nos bâtiments pour surveiller nos animaux et voir comment ils vont", confie-t-il à BFM Grand Lille.
"On a peur de ce sérotype 3 de la catarrhale ovine. On sait qu'il provoque de très importants dégâts sur les bêtes", ajoute l'éleveur.
Il salue toutefois la présence de services de l'Etat, de vétérinaires et de groupements de défense sanitaire auprès des agriculteurs. "Mais le stress est total pour les éleveurs", insiste-t-il.
Plusieurs départements en proie à la fièvre
La FCO existe déjà en France, notamment les sérotypes 4 en Corse et les sérotypes 8 sur la France continentale. Cet été, la maladie a largement frappé aux quatre coins de la France. Le Sud-Ouest est en première ligne et en subit davantage les conséquences. Le 31 juillet, la Confédération paysanne annonçait aussi dans un communiqué que le sérotype s'attaquait notamment à l'Ariège, l'Aude et les Pyrénées-Orientales.
Mais les moutons n'ont pas développé de résistance au nouveau sérotype 3, non transmissible aux humains, qui s'est installé dans le nord du pays. Ce type de FCO est arrivé en Europe fin 2023 aux Pays-Bas, puis s’est étendu en Allemagne, en Belgique puis en Grande-Bretagne.
Après la détection du nouveau sérotype dans un foyer belge proche de la France, le ministère de l'Agriculture avait annoncé le mercredi 7 août la création d'une zone "régulée", du Pas-de-Calais à la Moselle, où les déplacements de bovins, chèvres et moutons sont soumis à des restrictions.
Des vaccins accessibles dès le 14 août
Pour tenter de contenir l'épidémie, le ministère de l'Agriculture a annoncé le lundi 5 août lancer une campagne de vaccination volontaire et gratuite dans la région. Le ministère affirme disposer de 600.000 doses du vaccin Bultavo 3 (laboratoire Boehringer Ingelheim) et 4 millions de doses du vaccin Bluevac 3 (laboratoire CZV), grâce à une commande passée "par anticipation" le 5 juillet, indique l’AFP. Elles seront proposées dès le 14 août.
La nouvelle est bien accueillie par Laurent Henneron, même s'il s'inquiète des délais et des conséquences de cette fièvre sur sa filière.
"Aujourd'hui, la filière est en danger vu les circonstances et vu ce que ça peut apporter en mortalité. Le secteur agneau est déjà en difficulté depuis plusieurs années (...) C'est pour cela qu'on aspire à avoir les vaccins le plus rapidement possible", déclare l'éleveur nordiste.
La FCO, aussi connue comme "maladie de la langue bleue", passe d'un ruminant infecté à un animal sain par l'intermédiaire d'insectes piqueurs, tels que les moucherons. Certains animaux peuvent être asymptomatiques, mais d'autres subissent de la fièvre, des troubles respiratoires, des problèmes de reproduction, voire la mort, indique l'Anses.
La maladie affaiblit ainsi les bêtes et provoque des pertes économiques. Sa détection n'entraîne toutefois pas l'euthanasie des animaux, contrairement à la grippe aviaire, ce qui favorise les épidémies.