BFM Lille
Grand Lille

Le houblon victime de la guerre commerciale? Les brasseurs du Nord s'inquiètent d'une hausse des prix

placeholder video
Production locale, hausse des prix... Plusieurs solutions s'offrent aux brasseurs nordistes pour s'y retrouver face à une hausse des tarifs douaniers sur le houblon américain.

Le prix de la bière va-t-il bientôt augmenter? Dans le Nord, la question se pose alors que la guerre commerciale fait rage à l'international, menée par les annonces successives de tarifs douaniers initiées par le président américain, Donald Trump.

En réponse aux tarifs de 25% imposés à l'acier et à l'aluminium étranger, l'Union européenne souhaite une riposte en ambitionnant de taxer jusqu'à 26 milliards d'euros de marchandises américaines. Le houblon importé des États-Unis pourrait faire partie de ces produits taxés, laissant ainsi les producteurs de bières dans le doute.

Utilisé pour ses saveurs fruitées particulières, le houblon américain sera difficile à remplacer pour de nombreux brasseurs, comme ceux de la Brasserie du Pavé, à Lille. Ici, deux bières sur trois sont produites avec du houblon américain.

"On sait que sur des recettes permanentes que l'on fait à la brasserie, notre IPA ou notre Solstice, qui sont deux bières venant d'être médaillées au concours agricole de Paris, ce sont des bières dont on ne va pas changer la recette", analyse Alexis Walraeve, co-gérant de la brasserie.

"Là on est obligé d'aller chercher ce houblon-là, car les mêmes variétés plantées dans les Flandres n'auront pas le même aromatique, le même goût", poursuit-il.

Une diversification des solutions

Cette année, le stock de houblon est plein, mais Alexis Walraeve n'exclut pas une augmentation de ses prix l'année prochaine, en répercussion des tarifs douaniers sur le houblon.

"On ne peut pas tout absorber non plus. C'est difficile de se projeter aujourd'hui, alors que finalement chaque semaine on a une nouvelle info qui arrive. On fera plutôt le point à la fin de l'année", affirme le co-gérant de la brasserie.

Dans les Flandres, à Esquelbecq, la brasserie Thiriez a préféré être proactive et a décidé de ne plus utiliser de houblon américain. "On a fait une French IPA, qui est produite uniquement avec du houblon français. Mais c'est aussi une histoire de technique: les goûts fruités du houblon américain, on peut les faire ressortir dans certaines variétés françaises", assure Clara Thiriez, co-gérante de la brasserie.

Une possibilité qui nécessite toutefois une certaine "technique de brassage" à mettre en place avec le temps.

Les houblonniers de la région espèrent de leur côté voir leurs carnets de commandes se remplir davantage grâce à cette importante augmentation des tarifs douaniers à l'import de houblon américain. Certains brasseurs envisagent aussi de se tourner vers l'Europe de l'Est, même si la différence de saveurs pourrait là encore se faire ressentir.

Romaric Cayet, Alexis Lalemant