"La rue, c'est la survie": pendant 3 jours à Lille, Hélène s’est mise à la place des sans-abri pour alerter sur leur sort

Insécurité, manque d'eau et faim: c'est la vie quotidienne des sans-abri. Hélène Wouters, aide-soignante à Tourcoing, a décidé de se mettre dans la peau d'une SDF afin de comprendre la difficulté de la vie dans la rue.
Hélène a passé trois jours et deux nuits dans les rues de Lille. Elle a démarré son expérience Boulevard de la Liberté avec son sac à dos et sa bonne volonté.
"C'est plus facile l'hiver que l'été"
Sur les réseaux, elle raconte son quotidien et met en lumière les personnes qu'elle rencontre. Son compte Facebook est un mur de portraits de ces invisibles lillois que tout le monde croise mais personne ne regarde.
Elle y décrit ses galères: où dormir, comment manger, les pigeons qui envahissent les trottoirs ou encore les allers et retours au centre d'accueil.
"Pour eux, la vie ne s'arrête pas, il n'y a pas de vacances, c'est la galère toute l'année, explique-t-elle au micro de BFM Grand Lille. "D'après ce que je comprends quand je parle avec plusieurs SDF, c'est que c'est plus facile pour eux l'hiver que l'été, parce qu'il y a plus d'associations qui tournent et plus de choses mises en place pour eux."
Mardi midi par exemple, son dernier repas datait de plus de 24 heures, la chaleur était insoutenable et la déshydratait très vite. "Je rencontre de belles personnes, il n'y a pas que la misère dans la rue", dit-elle a ses abonnés. "Mais n'hésitez pas à donner de l'eau aux SDF".
Invisibles
Dans la rue, Hélène a notamment rencontré Jean-François. S'il bénéficie aujourd'hui d'un logement, il a été pendant dix ans sans domicile fixe.
"Les gens nous regardent quand même d'une drôle de façon, un SDF sera toujours un SDF. Il y a un film qui est sorti, où on nous appelait les Invisibles. Les gens nous voient, mais ne nous voient pas", se désole cet ancien sans-abris.
Dénoncer cette invisibilité, c'était justement la volonté d'Hélène à travers cette expérience. "Il faut le vivre pour le comprendre. La rue, c'est une survie. Le regard des gens aussi est très dur."
Hélène a terminé son aventure là où elle l'a commencé. "La soif se fait ressentir et je suis extrêmement fatiguée", explique-t-elle dans une vidéo postée sur son compte Facebook.
"J'ai vu beaucoup de choses, j'en suis encore émue il y avait des choses très difficiles" confie Hélène. "Il y a beaucoup de choses à changer."
En mars 2023, l'agence de développement et d'urbanisme de Lille Métropole comptait plus de 3000 sans-abri dans la commune. L'aide-soignante, très engagée dans les associations, continuera à alerter sur le sort des sans-abri.