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La métropole de Lille et Alstom en justice sur les retards de livraison des nouvelles rames du métro

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Les nouvelles rames devaient être livrées en 2016. Face à un lourd retard de livraison, la MEL accuse Alstom de mettre à mal la pérennité du réseau de métro, trop rapidement obsolète. Une audience a eu lieu ce mardi 2 janvier.

Il est urgent d'avoir un planning réaliste" pour le doublement du métro lillois, a plaidé ce mardi 2 janvier devant le tribunal administratif la Métropole européenne de Lille (MEL), accusant Alstom de mettre à mal la pérennité de son réseau de transports par des retards de livraison.

La MEL avait saisi le tribunal fin novembre, réclamant à Alstom des mesures pour prévenir toute interruption du métro en 2025. Le tribunal doit rendre sa décision dans une dizaine de jours.

Au cœur des débats, l'augmentation de la capacité du métro dans la métropole, contrat confié en 2012 à Alstom et dont la livraison était initialement prévue en 2016.

Ce marché à 266 millions d'euros porte sur l'implantation d'un nouveau pilote automatique et l'acquisition de 27 rames de 52 mètres, deux fois plus longues que celles actuellement en service.

Or ces 27 nouvelles rames, destinées à la première des deux lignes du réseau lillois, doivent selon la MEL permettre de redéployer certaines rames actuelles de la ligne 1 sur la ligne 2, dont une partie du parc sera obsolète à partir d'août 2025.

Une "urgence" débattue

Il y a "urgence à ce qu'on mobilise tous les moyens possibles pour une livraison au plus vite des rames de 52 mètres" et à ce qu'Alstom "prenne les mesures pour éviter la chute" du trafic du métro lillois, a estimé Maître Fréderic Marchand, avocat de la MEL. "Il est urgent d'avoir un planning directeur réaliste", a-t-il martelé.

Le marché au centre des débats "concerne uniquement la ligne 1", lui a répondu Maître Louis De Gaulle, avocat d'Alstom. "En ce qui concerne la ligne 1, on a 53 rames qui tournent, et elles tournent toujours. Il n'y a pas d'urgence la concernant", a-t-il estimé.

"Les retards antérieurs à 2020 ont déjà été payés", a-t-il souligné, deux avenants ayant été signés pour adapter le calendrier.

Les retards suivants sont notamment dus, assure-t-il, à la crise du Covid-19. Alstom a payé un total de 47 millions d'euros d'amendes relatives aux retards, a-t-il ajouté.

Selon lui, la MEL "a contribué elle-même à l'urgence" alors qu'elle savait dès les premiers mois de la pandémie qu'elle ne recevrait pas ces nouvelles rames avant octobre 2023, et n'a pas prévu de solution alternative pour la ligne 2.

De son côté, Alstom a "intérêt" à "aller vite", et a "fait monter les moyens de 207 à 228 ETP (équivalents temps plein)", a encore souligné Maître De Gaulle, avocat du groupe.

Maître Marchand, avocat de la MEL, a demandé qu'Alstom déploie "deux ou trois rames" récentes supplémentaires pour assurer la pérennité du service avant la livraison de l'ensemble des nouvelles rames. Une demande que l'avocat d'Alstom a jugé "complètement illusoire" puisque l'entreprise "n'arrive déjà pas à fournir celles du marché".

Deuxième de France par sa longueur selon la MEL, le réseau de métro lillois, inauguré il y quarante ans, a été le premier au monde à utiliser la technologie de pilotage automatique.

JMA avec AFP