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L'enseignante menacée par l'extrême droite pour une sortie à Calais dénonce des faits "inquiétants"

Le lycée Watteau de Valenciennes où enseigne la professeure de philosophie.

Le lycée Watteau de Valenciennes où enseigne la professeure de philosophie. - BFM Grand Lille

Une enseignante de Valenciennes voulait emmener ses élèves à Calais, pour rencontrer une association d'aide aux migrants. Menacée, elle a dû annuler cette sortie.

Sophie Djigo, enseignante dans un lycée de Valenciennes, souhaitait simplement emmener sa classe d'Hypokhâgne en sortie dans le cadre d'un projet pédagogique. Les vingt-cinq étudiants devaient se rendre à Calais pour rencontrer l'association l'Auberge des migrants mais aussi "Mamie Brigitte", une Calaisienne rechargeant gratuitement les téléphones de migrants, explique-t-elle à Mediapart ce jeudi.

Mais après que les détails de cette sortie scolaire aient été dévoilés par le "Réseau parents vigilants", proche d'Eric Zemmour, l'enseignante a été l'objet de nombreuses menaces, notamment venant de l'extrême droite. La sortie a dû être annulée pour des raisons de sécurité.

"Je ne vois pas comment on peut continuer à travailler"

Interrogée par nos confrères, Sophie Djigo affirme s'être sentie censurée par ces menaces de l'extrême droite, affirmant que "c'est la profession de chercheur et d’enseignant en sciences humaines et sociales qui est visée".

"Si à chaque fois qu’on produit des savoirs ou qu’on enseigne des savoirs (...) on se retrouve nous-mêmes taxés d’idéologie (...), je ne vois pas bien comment on peut continuer à travailler", regrette-t-elle.

L'enseignante affirme avoir reçu des messages de nombreux collègues s'étant retrouvé dans des situations similaires à la sienne, attaqués par l'extrême droite pour avoir enseigné la Shoah ou l'histoire de la religion musulmane.

Elle juge cette situation inquiétante et demande une "clarté institutionnelle absolue sur ces questions", pour que les professeurs puissent "travailler sereinement", sans "avoir peur d’être dénoncés comme dangereux idéologues gauchistes".

Sophie Djigo a porté plainte pour "cyberharcèlement", "menaces de mort" et "insultes sexiste et racistes" le 28 novembre dernier. Le rectorat de Lille a également déposé une plainte et l'Éducation nationale a accordé la protection fonctionnelle à l'enseignante, pour couvrir ses frais judiciaires.

M.L.