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Valenciennes : l'enseignante menacée de mort pour une sortie scolaire porte plainte

Le lycée Watteau de Valenciennes où enseigne la professeure de philosophie.

Le lycée Watteau de Valenciennes où enseigne la professeure de philosophie. - BFM Grand Lille

Sophie Djigo, enseignante à Valenciennes, a porté plainte pour cyberharcèlement suite à des menaces de morts ayant poussé à l'annulation d'une sortie scolaire auprès d'une association d'aide aux migrants.

L'enseignante de Valenciennes, organisatrice d'une sortie pédagogique d'étudiants auprès d'une association d'aide aux migrants à Calais qui avait dû être annulée en raison de menaces, a déposé plainte pour cyberharcèlement et menaces de mort, a-t-elle indiqué ce mercredi à l'AFP.

Le rectorat de Lille avait déjà déposé plainte, condamnant "fermement les menaces portées à l'égard de cette enseignante", Sophie Djigo.

De vives réactions parmi les partis d'extrême droite

Cette professeure de philosophie devait emmener le 2 décembre sa classe préparatoire d'Hypokhâgne du lycée Watteau de Valenciennes à la rencontre de l'association l'Auberge des migrants, dans le cadre d'un projet pédagogique interdisciplinaire intitulé "exil et frontières".

Mais les détails de la sortie ont été livrés sur les réseaux sociaux par le "réseau parents vigilants", proche du parti d'Éric Zemmour Reconquête!, suscitant de nombreuses réactions en ligne et sur certains sites d'extrême droite.

Les faits "correspondent tout à fait à la définition juridique du cyberharcèlement, qui permet de poursuivre des personnes qui participent même avec un seul message à un effet de masse, de meute, ce qui crée un préjudice chez la victime", a expliqué à l'AFP l'avocat de l'enseignante, Raphaël Kempf.

Il attend désormais que le parquet de Lille "mette tout en oeuvre pour identifier" les auteurs des messages.

"Ces commentaires d'internautes, anonymes ou pas, ont été rendus possibles par le fait que des partis d'extrême droite comme le RN et Reconquête! ont monté en épingle cette affaire et en ont fait un sujet", a-t-il pointé du doigt.

Le rectorat de Lille avait décidé d'annuler la sortie pédagogique "par sécurité" et accordé à Mme Djigo "le bénéfice de la protection juridique du fonctionnaire".

"Une véritable offensive coordonnée et décomplexé"

Dans une tribune publiée lundi par Le Monde, un collectif de plus de mille personnes, issues principalement de la recherche et de l'enseignement, a pris position en faveur de Sophie Djigo, désignée "explicitement comme corruptrice de la jeunesse par son activité enseignante" par Reconquête! et le RN.

"La brutalité des insultes et des intimidations subies par notre collègue atteste d'une véritable offensive coordonnée et décomplexée, plus particulièrement dans le Nord en ce moment, où d'autres collègues universitaires subissent collectivement des attaques similaires", alertait la tribune.

Les signataires exigent "une réponse gouvernementale claire" face à ces menaces.

Le délégué départemental de "Reconquête!" Simon Flahaut, avait notamment critiqué sur Twitter le "combat idéologique" de l'enseignante, des élus RN des Hauts-de-France évoquant eux une "propagande pour l'immigration".

Eric Zemmour avait aussi réagi sur Twitter, jugeant les élèves "instrumentalisés par leur professeur".

J. M. A. avec AFP