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Réforme des retraites: le calendrier d’un mois de janvier qui s’annonce décisif

Manifestation contre la réforme des retraites à Paris, le 28 décembre 2019

Manifestation contre la réforme des retraites à Paris, le 28 décembre 2019 - STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

Entre nouvelles journées d'action et reprise des négociations sur la réforme des retraites, le mois de janvier devrait permettre d'y voir plus clair sur l'avenir du projet de l'exécutif.

Les vœux du chef de l’État mercredi 31 décembre n’auront pas suffi à convaincre les organisations syndicales qui restent déterminées à poursuivre la grève contre la réforme des retraites. Entre nouvelles journées de mobilisation et reprise des négociations, le mois de janvier s’annonce particulièrement décisif. Tour d’horizon des dates clés qui devraient décider de l’avenir du projet de l'exécutif.

  • 3 janvier: les professions libérales se mobilisent

Le collectif SOS Retraites qui regroupe plusieurs professions libérales (avocats, infirmiers, kinésithérapeutes…) disposant de régimes autonomes appelle à une "grève glissante" interprofessionnelle du 3 au 6 janvier. Dans un communiqué, les infirmiers sont invités à refuser tout nouveau soin à partir du 3 janvier, les kinésithérapeutes à cesser le travail le même jour, les médecins à fermer leurs cabinets le 6 janvier, les experts comptables à organiser une "journée du désarroi" également le 6 janvier, etc.

Le SNPL, syndicat de pilotes majoritaire en France, avait initialement lancé un appel à la grève pour la journée du 3 janvier. Mais le préavis a finalement été suspendu en raison des "avancées significatives" obtenues du gouvernement avec "des éléments précis et engageant confirmant ces avancées".

Le SNPL a notamment obtenu la garantie que les pilotes de ligne pourront partir à taux plein à 60 ans ainsi que le maintien de la caisse de retraite du personnel navigant (CRPN), caisse autonome dotée de 5 milliards d'euros de réserves et menacée de disparition dans le cadre du projet de fusion des 42 régimes existants dans un "système universel" par points.

Quatre syndicats d'hôtesses et stewards (SNPNC, Unsa PNC, Unac et UNPNC) ont également suspendu leur appel à la mobilisation le 3 janvier devant les concessions obtenues du gouvernement en début de semaine. D'autres syndicats de navigants (le Spaf pour les pilotes et le SNGAF pour les hôtesses et stewards) maintiennent toutefois leur appel.

  • 7 janvier: reprise des négociations

Les négociations entre le gouvernement et les syndicats reprendront officiellement le mardi 7 janvier. Dans un communiqué, Matignon explique que "Muriel Pénicaud, ministre du Travail, Agnès Buzyn Ministre des Solidarités et de la Santé, Laurent Pietraszewski, Secrétaire d’État auprès de la Ministre des Solidarités et de la Santé, chargé des retraites et Olivier Dussopt, Secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l’Action et des Comptes publics, recevront le 7 janvier les partenaires sociaux pour lancer les travaux relatifs à la pénibilité et à la gestion des fins de carrière […]".

Quatre objectifs ont été définis, à savoir "partager les impacts sur l’évolution des seuils relatifs à la pénibilité, renforcer les actions en matière de prévention de la pénibilités, construire des dispositifs de reconversion pour les salariés exposés longtemps à la pénibilité" et "construire une stratégie globale pour le maintien dans l’emploi des seniors".

La même semaine, Olivier Dussopt recevra les organisations syndicales de la fonction publique pour lancer les discussions sur la retraite progressive et ses conditions de déploiement dans la fonction publique ainsi que celles relatives à la pénibilité. Le nouveau "monsieur Retraites" du gouvernement, Laurent Pietrazewski recevra pour sa part les organisations syndicales et patronales lors de réunions bilatérales entre le 7 et le 17 janvier. "S’agissant de l’équilibre financier, Premier ministre proposera aux partenaires sociaux une méthode de travail la semaine du 6 janvier après les consultations qu’il poursuivra d’ici là", précise Matignon.

De son côté, la CGT a appelé au "blocage total" des huit raffineries françaises du 7 au 10 janvier. "À l’issue de ces 96 heures de grève, on se posera la question de savoir si l’on passe à l’étape de l’arrêt des installations", a expliqué Thierry Defresne, délégué central de la CGT chez Total.

  • 9 janvier: nouvelle journée d’action

À la mi-décembre, au terme d'un énième échange infructueux entre syndicats et Matignon, le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez avait appelé à une nouvelle journée d'action le 9 janvier. Un appel également relayé par FO, CFE-CGC, Solidaires et FSU. 

Invité sur notre antenne mercredi, le leader cégétiste a encore appelé "à faire des assemblées générales et à discuter de la mobilisation. […] Il faut des grèves partout, dans le public, dans le privé, il y a que comme ça qu’ils (les membres du gouvernement, ndlr) peuvent nous comprendre", a-t-il ajouté.

  • Semaine du 13 janvier: poursuite des négociations

Les négociations se poursuivront la semaine du 13 janvier. Agnès Buzyn proposera notamment aux organisations syndicales de la fonction publique hospitalière de lancer le chantier de l’aménagement des fins de carrière à l’hôpital.

Le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer recevra quant à lui les organisations syndicales pour leur présenter la méthode et le calendrier de négociations pour les six mois à venir. "L’objectif est de parvenir en juin 2020, dans le cadre d’une approche globale du métier de professeur, à un protocole d’accord sur des scénarios de revalorisation permettant de garantir aux enseignants un même niveau de retraite que pour des corps équivalents de la fonction publique", souligne Matignon.

22 janvier: le projet présenté en conseil des ministres

Enfin, le projet de loi instaurant un système de retraites universel par points doit être présenté le 22 janvier en conseil des ministres. Lors de son allocution du 31 décembre, Emmanuel Macron a dit vouloir mener à bien sa réforme et espérer un "compromis rapide" avec "les organisations syndicales et patronales qui le veulent".

Paul Louis avec AFP