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"Redresser le cours de Bourse" et "remplacer des salariés par l'IA": les syndicats français très inquiets après la saignée de 16.000 postes annoncée par Nestlé

Le PDG de Nestlé France dénonce en particulier la chaîne Intermarché.

Le PDG de Nestlé France dénonce en particulier la chaîne Intermarché. - Fabrice Coffrini - AFP

Le représentant de l'intersyndicale de Nestlé France pointe l'arrivée de l'intelligence artificielle comme l'un des éléments qui a pu pousser la nouvelle direction à réduire les effectifs, notamment chez les cadres. Le syndicaliste accuse aussi Nestlé de supprimer 16.000 postes simplement "pour redresser le cours de bourse".

Les syndicats sont inquiets. Le groupe Nestlé a annoncé ce jeudi 16 octobre vouloir supprimer 16.000 postes au niveau mondial au cours des deux prochaines années. L'intersyndicale de Nestlé France indique ne pas savoir combien d'emplois sont concernés dans l'Hexagone, où l'entreprise emploie "environ 8.000 personnes", soit 2.000 à 3.000 de moins qu'il y a 10 ans.

Pour le moment, on sait simplement que ces réductions d'effectifs toucheront principalement les cols blancs: 12.000 cadres, toutes fonctions et zones géographiques confondues, vont perdre leur emploi. 4.000 postes seront par ailleurs supprimés dans la production.

L'IA pour remplacer une partie des cadres?

Pour Chistophe Kauffmann, responsable de l’intersyndicale et secrétaire fédéral CFDT, cette répartition est "étonnante puisque 70% de l'emploi dans le groupe est plutôt col bleu/ouvrier".

Le syndicaliste s'interroge sur le poids qu'a pu avoir l'intelligence artificielle dans cette décision. "Je ne peux pas vous dire aujourd'hui que 12.000 postes de cadres vont être supprimés pour être remplacés par l'intelligence artificielle", explique-t-il à BFM Business.

"Mais je pense que (l'intelligence artificielle) est un des éléments, vu ce que Monsieur Navratil a dit qu'il souhaitait une structure plus simple, plus efficace, numériquement plus moderne..."

"Un point sur lequel il faut qu'on soit vigilants sur ce dossier c'est l'arrivée de l'IA", insiste-t-il.

La CFDT accuse Nestlé de tailler dans les effectifs "pour redresser le cours de bourse"

Pour autant, selon Chistophe Kauffmann, l'arrivée de l'intelligence "n'est pas la raison principale" qui explique la taille dans les effectifs.

"Pour moi, la raison principale, c'est clairement de lancer un message aux actionnaires pour redresser le cours de bourse de l'action Nestlé qui se porte très mal depuis quelques années après les scandales qu'il y a eu", dénonce-t-il.

Ces dernières années, le géant de l'agroalimentaire a en effet été secoué par plusieurs scandales. Après l’affaire des pizzas Fraich’Up Buitoni qui ont causé la mort de deux enfants et l’intoxication de dizaines d’autres, Nestlé est aujoud’hui mis en cause dans l’affaire des eaux en bouteille. Le groupe, à travers sa filiale Perrier, est notamment accusé de "tromperie" dans cette affaire que le Sénat qualifie de "scandale industriel" et de "scandale politique".

Ce matin, après l'annonce des suppressions d'emploi, le cours de l'action Nestlé a bondit de plus de 8,4% à la Bourse de Zurich.

"Des décisions difficiles"

Ces dernières semaines ont également été marquées par un remue-ménage au sein de la direction. L'ancien directeur général de l'entreprise Laurent Freixe a en effet été poussé à la démission à cause d'"une relation amoureuse non divulguée avec une subordonnée directe". Quelques semaines plus tard, c'est le président de l'entreprise qui démissionnait.

Le nouveau DG, Philipp Navratil, a repris les commandes du géant de l'alimentation début septembre, et n'a donc pas tarder à faire des annonces. "Le monde évolue et Nestlé doit s'adapter plus rapidement", a-t-il déclaré. Ce qui impliquera selon lui "de prendre des décisions difficiles, mais nécessaires, pour réduire les effectifs".

Les syndicats tentent toujours d'en savoir plus sur ces 16.000 licenciements prévus. "On va provoquer rapidement des réunions d'instances extraordinaires pour essayer d'avoir des informations", promet Chistophe Kauffmann.

Marine Cardot et Caroline Robin