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La recette de Bruno Le Maire pour revenir sous les 3% de déficit en 2027

Le ministre de l'Economie, des Finances et de la Relance souhaite qu'entre 2022 et 2027, la hausse annuelle des dépenses publiques se limite à 0,7%. Et il propose que cette approche plurianuelle prenne valeur constitutionnelle.

Comment revenir à un déficit compatible avec les règles du pacte de stabilité et de croissance de la Zone euro? Pour la France -9,2% en 2020, 9% attendus en 2021- cela passe nécessairement soit par moins de dépenses publiques soit par plus d’impôts. Et sauf à s’imposer une cure d’austérité socialement insoutenable, cela prendra nécessairement des années.

La France, par la voix de son ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance, plaide pour disposer de cinq années. Une "trajectoire" dévoilée ce jeudi. L'objectif est de limiter le déficit à 4,4% en 2023, puis à 3,9% en 2024, 3,5% en 2025, 3,2% en 2026 avant de repasser sous la barre des sacro-saints 3% l’année suivante.

Faire le tri dans les politiques publiques

Et pour y parvenir sans augmenter les impôts, Bruno Le Maire propose non pas de réduire les dépenses mais d’en limiter la hausse à 0,7% pendant cinq ans: "Cela demandera des efforts importants (…) nous obligera à faire des choix" prévient-il. Choix entre les "politiques publiques qui ont montré leur efficacité" et celles "où l’efficacité n’a pas été au rendez-vous".

Passer à un rythme de hausse des dépenses publiques de 0,7% constituerait en effet un effort sans précédent. Selon Bercy, dans les années 2000, elles ont progressé en moyenne de 2% par an, puis de 1,4% entre 2008 et 2012 avant d’être cantonnées, par la suite à 1%, plafond également respecté depuis le début du quinquennat d’Emmanuel Macron, en excluant les mesures de soutien et de relance engagées depuis le début de la pandémie.

Pour tenir l’objectif, Bruno Le Maire et Olivier Dussopt, son ministre délégué aux comptes publics, jugent nécessaire de recourir à une approche nouvelle, inédite en France: "il faut une règle pluriannuelle, sur 5 ans, et que cette règle prenne une valeur constitutionnelle" explique le locataire de Bercy. Une sorte de règle d'or à la française différente du modèle allemand mais tout aussi engageante. Une telle réforme ne peut évidemment pas intervenir avant l'élection présidentielle de 2022. Il s’agit donc clairement d’une proposition de réforme pour le second quinquennat d’Emmanuel Macron que Bruno Le Maire appelle de ses vœux.

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco