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L'Inde souligne qu'elle n'a jamais été un exportateur de blé

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Le ministre indien du Commerce Piyush Goyal a réagi à la polémique qui a fait suite à l'annonce de l'arrêt des exportations de grains depuis le pays, annonce qui a fait flamber les cours.

Celui qui est également en charge de l'Alimentation, a relativisé mercredi l'impact de l'arrêt des exportations de blé de son pays, dont l'annonce surprise mi-mai avait fait flamber les cours mondiaux de cette céréale.

"L'Inde n'a jamais été un fournisseur de grains pour le monde", a-t-il indiqué à l'AFP lors de la réunion du Forum économique mondial à Davos.

Le pays est le deuxième producteur mondial de la céréales (110 millions de tonnes l'an dernier) mais l'essentiel de sa production est destinée à sa consommation domestique.

Cette annonce avait sucité des critiques du G7. "Si tout le monde commence à imposer de telles restrictions à l'exportation ou même à fermer les marchés, cela ne fera qu'aggraver la crise et cela nuira aussi à l'Inde et à ses agriculteurs", a déclaré le ministre allemand de l'Agriculture, Cem Özdemir, à l'issue d'une réunion avec ses homologues à Stuttgart. "Nous appelons l'Inde à prendre ses responsabilités en tant que membre du G20".

Le pays n'exportait pas du tout de blé jusqu'à il y a deux ans, où il y a eu "un modeste surplus, et nous avons exporté deux millions de tonnes", a rappelé le ministre.

Une production impactée par la canicule

"L'année dernière, nous avons vu un pic soudain des exportations" indiennes, avec 7 millions de tonnes au total sur les douze mois allant d'avril 2021 à mars 2022, a poursuivi le ministre.

Il a précisé que l'envol s'est concentré essentiellement sur la période janvier-mars 2022 du fait de l'éclatement de la guerre en Ukraine, et "rien qu'en avril (2022), les exportations de blé étaient 6 fois plus élevées qu'en avril 2021" (elles sont passées de 240.000 tonnes à 1,4 millions de tonnes).

L'Inde estimait initialement produire suffisamment cette année pour exporter 10 millions de tonnes, et s'était donc dit disposée à aider à compenser sur les marchés mondiaux les grains qui ne pouvaient plus sortir d'Ukraine.

Des cours en hausse de 40% depuis le début de la guerre

"Mais malheureusement il y a eu la vague de chaleur en Inde", a dit le ministre, "le blé s'est racorni" et les estimations de production ont dû être révisées à la baisse.

Dans ce contexte, "nous devons faire attention à notre sécurité alimentaire nationale", s'est justifié le ministre, disant aussi "ne pas vouloir que des gens profitent de la misère des pauvres" en achetant et stockant de grandes quantités, en vue de les remettre sur le marché plus tard à des prix beaucoup plus élevés.

Une réflexion similaire a poussé le pays à annoncer cette semaine un plafonnement de ses exportations de sucre, afin de protéger ses réserves et réduire l'inflation.

Les cours du blé ont flambé d'environ 40% depuis le début de la guerre en Ukraine sur le marché européen (Euronext).

Les plus gros exportateurs mondiaux de la céréale sont la Russie, l'Australie, les Etats-Unis, le Canada et jusqu'à récemment l'Ukraine. Au total, la planète produit annuellement 780 millions de tonnes de blé, dont 200 millions pour l'exportation.

OC avec AFP